La famille est un lieu où tout le monde vous aime, peu importe comment vous êtes, ils vous acceptent pour qui vous êtes.

Lorsque les Roseburry s'installèrent dans la petite avenue de Stanley Hall, père et fille n'étaient pas au courant de la légende, remontant à un demi-siècle plus tôt. Sans doute parce que l'agent immobilier n'y croyait pas ou ne voyait pas l'intérêt d'en parler... mais ce qui était sûre, c'est que la première fois qu'on raconta l'histoire à Romy Roseburry, celle-ci en eut des frissons ! Bien que son père n'en prit aucunement compte, ne croyant pas aux légendes « et autres sottises du même acabit ! » pour reprendre ses mots. Ne vous méprenez pas : Romy ne croit pas aux esprits, monstres et toutes les légendes comme la dame blanche ou je ne sais quoi. Non, la jeune femme croyait juste aux légendes basés sur des humains, des personnes qui pourraient être n'importe quels voisins de ce quartier. Quand on lui avait raconté le massacre de l'avenue, elle en avait eu des frissons. Faut-il expliquer que la légende qui terrifie le plus la jeune femme, celle qui lui a fait avoir des cauchemars à plusieurs reprises, est la légende de la baby-sitter ? À cause de cette histoire, elle n'avait jamais voulu garder un seul gosse de toute son adolescence. Et encore aujourd'hui, elle n'irait pour rien au monde faire du baby-sitting !

Romy vivait à Stanley Hall depuis quelques années maintenant. Malgré les quelques insomnies qui la prenait de temps en temps, principalement lors de la soirée des Fondateurs, elle s'est rapidement habituée à l'ambiance de Southington et aux habitants. Les liens que les gens tissaient entre eux étaient bien différents de ceux de Phœnix, qui était déjà une ville plus grande et donc, plus individualiste. On se saluait de loin, mais rarement. Ici, on papotait les uns avec les autres, tout le monde -ou presque- se connaissait au moins de vue. Les Roseburry s'étaient rapidement intégrée dans la dynamique de la ville et aujourd'hui, ils étaient des membres à part entière dans la vie collective et la société des lieux.
La jeune femme avait quitté la maison lors de son entrée à l'Université, où elle avait loué un appartement avec Lilly, sa meilleure amie, sur le campus. Mais depuis que Callie-Jane était sortie de prison, la jeune femme était rentrée dans la maison familiale pour l'épauler et être présente si jamais elle en avait besoin. En accueillant enfin sa sœur dans leur nouvelle maison, Romy voulait renoué ce lien qui les unissait, lorsqu'elles étaient encore sous le même toit. Aujourd'hui, les deux sœurs comptaient rattraper le temps perdu, d'où la décision de Romy de revenir vivre chez son père. Et depuis, tout se passait très bien entre elles !

« Callie ! Je suis rentrée ! » Romy referma la porte d'entrée derrière elle, sa sacoche à l'épaule, son sac pour déloger chez son chéri dans une main, les clés de la maison dans l'autre. Elle eut pour seule réponse un silence, ce qui ne l'étonna pas plus que ça. Elle savait que son père travaillait, mais ne connaissait pas l'emploi du temps de sa sœur. Si ça se trouvait, Callie était toujours en service et Romy se contentait de faire un monologue pur et dure. « Callie ? » toujours aucune réponse, elle lança les clés dans le petit pot près de la porte d'entrée et monta les escaliers deux à deux, pour arriver sur le palier de l'étage. Elle entra rapidement dans sa chambre, lança ses deux sacs dans un coin de la pièce, se laissa tomber sur son lit, avant d'extraire son portable de la poche de son jeans.

Citation :

Je suis rentrée. T'es où ? Bisous, R.

Just give me a reason, just a little bit's enough. Just a second we're not broken just bent and we can learn to love again.

Chacun de mes membres tremblait et mon souffle se faisait court. J'étais encore dans cette cellule étroite et sombre où comme seule lumière que j’apercevais était lorsque la trappe s'ouvrait pour qu'on me lance mon plateau repas. Les heures pouvaient bien être des minutes et les journées pouvaient me sembler à des mois. Je n'avais plus la notion du temps et j'avais l'impression de suffoquer. Je ne voyais rien et mes mains rappaient contre la pierre froide lorsque je m'y agrippais. Je pouvais bien hurler, personne ne venait m'ouvrir. Je pouvais m'arracher la gorge à crier de toutes mes forces mais j'étais toujours dans cet isoloir. Mes muscles se contractaient, ma gorge était sèche et mes lèvres rappeuses. Il n'y avait pas un son même pas le chant du vent. Encore une cauchemar où je me suis réveillée en panique et en sueur vers trois heures du matin. Je n'en pouvais plus de ce cauchemar qui revenait sans cesse. Je passais ma main sur mon front tout en essayant de contrôler ma respiration. Je me suis levée d'un bond pour enfiler un jogging, un tshirt ainsi qu'une veste. Sortant de ma chambre sans faire un bruit pour ne pas réveiller ma soeur jumelle, j'ai enfilé mes baskets avant de sortir.

Je me suis mise à courir à travers le quartier de Stanley Hall jusqu'à arriver en ville. Je courrais pour m'enlever les images de mon incarcération qui avaient nicher dans ma tête, se creusant une place et y moisir. Les écouteurs sur les oreilles, j'avais ces chansons de groupes de rock qui tournaient en boucle. Courir était pour moi ma façon d'évacuer ma colère, mon angoisse, mes peurs. J'ai traversé les rues, longé les trottoirs jusqu'à ce que les réverbères éteignent leurs lumières pour laisser place aux rayons du soleil qui commençait à s'élever dans le ciel, éclairant ainsi peu à peu la ville de Southington. Combien de temps avais-je couru ? J'étais en sueur, vidée et essoufflée. Je me suis arrêtée d'un coup, posant mes mains sur mes genoux tout en me repliant quelque peu. Oh, un point de côté. Le parc n'était pas loin, j'ai décidé de le rejoindre dans une marche plus calme pour récupérer. Je me suis allongée sur l'herbe fraiche et humide par la rosée du matin, tout en regardant le ciel noir s’éclaircir au fur et à mesure. Tellement apaisée par ce spectacle, j'ai simplement fini par m'endormir.

Ce sont deux enfants d'à peine huit ans qui m'ont réveillé, trifouillant mon nez avec un bateau. « On voulait voir si t'étais morte ! » Me lançait l'un d'entre eux. J'avais une salle tête à ce point là ? J'ai juste laissé échapper un rire. « Qui vous dis que je ne suis pas une morte vivante ? » Ajoutais-je avec un sourire. Ils ont tout deux ouvert grand la bouche avant de partir en s'exclamant qu'ils avaient trouvé un zombi. Bon, combien de temps avais-je dormir ? Au même moment où j'allais prendre mon portable pour regarder l'heure, je reçu un message de ma soeur jumelle.

Jum's ♥ a écrit:

Je suis rentrée. T'es où ? Bisous, R.

Oops. Je suis restée un moment dans ce parc. Je lui ai envoyé un "J'arrive. Bisous, C." avant de prendre le premier taxi pour la maison. Une fois arrivée, j'ai passé la porte d'entrée en m'exclamant : « Romy, je suis rentrée ! »

La famille est un lieu où tout le monde vous aime, peu importe comment vous êtes, ils vous acceptent pour qui vous êtes.

La séparation entre Callie et Romy avait été très difficile à vivre, aussi pour l'une comme pour l'autre. Cependant, Romy avait eu bien plus de chance que sa sœur, qui avait dû rester avec leur mère. Celle-ci était déjà une garce avant que leurs parents ne divorcent, mais la jeune femme ne voulait pas imaginer comment elle était devenue, avec l'absence de son ex-mari et un gosse en moins dans les pattes ! Souvent, en soirée, alors qu'elle était près du feux avec son père, Romy se demandait où était Callie et dans quel état elle se trouvait, ne cessant de s'inquiéter pour sa moitié. Même s'il ne disait rien, la jeune fille savait que son père s'inquiétait tout autant qu'elle, si ce n'est plus, ne sachant pas où se trouvait sa seconde enfant. Elle savait qu'il avait fait le maximum pour obtenir la garde de Callie, mais ses efforts avaient été vains...
Quand elle voyait des documentaires à la télévision ou quand elle lisait des témoignages, Romy espérait que, si jamais il arrivait quelque chose à sa sœur, elle le ressentirait. Beaucoup disaient que les jumeaux avaient un lien qui les unissait, bien que rien n'avait jamais été prouvé ! La jeune fille avait donc garder le secret espoir que, si jamais Callie avait besoin d'elle, elle le ressentirait au fond d'elle-même... Sauf que quand sa sœur s'était faite arrêtée et enfermée en prison, Romy ne s'était douté de rien. Elle n'avait pas ressenti la peur de sa sœur, ni la détresse qui avait dû l'animer. Elle ne savait pas non plus que leur mère l'avait foutue à la porte, elle ne connaissait pas ses relations plus que douteuses et ses activités... Non, le jour où Callie avait été arrêtée, interrogée et ensuite, emprisonnée, la jeune Romy Roseburry regardait la télé avec son petit frère. Loin de la douleur et de la peur de sa jumelle !

« Romy, je suis rentrée ! », suivit d'un claquement de porte. La jeune femme, qui était dans le petit jardin avec Charles et Minou, son chien et le chat de la famille, rappela les deux bêtes, avant de rentrer et voir sa sœur. Elle ne put s'empêcher un regard inquiet vers elle. « Tout va bien ? » elle avait une sale mine, autant le dire ! Puis, Romy n'avait pas entendue Callie se lever, elle n'avait laissé aucun mot. Mais, la jeune criminologue ne voulait pas non plus être trop présente, pesée lourd sur le dos de sa sœur. Elle voulait que Callie reprenne une vie, la plus normale possible. Et ça commençait par lui laisser de l'espace, une liberté et ne pas la harceler de sms à longueur de temps ! « Tu as une petite mine... Tu as mangé ? » bon, okay, elle jouait un peu les mères étouffantes, mais s'était plus fort qu'elle ! En plus de se sentir inquiète pour elle, Romy culpabilisait, des années que sa sœur avait passée avec leur mère, loin d'un foyer aimant. Elle n'avait jamais eu ce souci, elle. Quand leur père avait rencontré sa seconde épouse, Romy et elle s'étaient directement bien entendues, devenant rapidement complice. Même si elles n'avaient pas le même sang, sa belle-mère tenait le rôle de la maman, dans la vie de la jeune fille. Elle l'écoutait et lui donnait des conseils. Elle lui avait apprit à ses maquiller, sous le regard peu amen de son père. Elle lui avait acheté son premier lisseur et son premier soutiens-gorge... Bref, elle avait tenu le rôle de mère pour Romy, alors que Callie n'avait personne vers qui se tourner. Avec la venue de Kalen, le lien entre les deux femmes de la maison, n'avait en rien changé ! Même si Romy n'était pas sa fille biologique et que le père de celle-ci venait de lui donner un enfant à eux deux, elle restait très proche de sa belle-fille, l'aimant de tout son cœur et le lui faisant comprendre. Oui, Romy culpabilisait de la vie qu'elle avait menée ces dernières années, alors que sa sœur était en prison. Romy porta sur sa sœur un regard tendre, le regard qu'elle ne pouvait cesser de lui lancer. Elle était tellement heureuse de l'avoir ici, auprès d'elle... Enfin !

Just give me a reason, just a little bit's enough. Just a second we're not broken just bent and we can learn to love again.

J’entendais la baie vitrée du jardin coulissée et les aboiements de Charles qui ne mit pas longtemps pour me rejoindre. J’affichais un grand sourire en posant mes genoux à terre afin de glisser mes doigts dans son pelage. Je lui grattais le dos alors qu’il se redressait pour poser ses pattes sur moi. Et un tshirt en plus bon à laver ! Je lui embrassais le haut de la tête avant de me relever pour faire face à ma sœur jumelle. C’est fou comme son sourire pouvait ressembler au mien et comme sa présence suffisait à me rassurer. Lorsque j’étais enfermée dans cette cellule, j’attendais avec impatience le fameux jour où elle me rendait visite. La voir, même à travers la vitre qui nous séparait, me faisait oublier l’espace de quelques minutes notre environnement. Elle réussissait à me faire sourire, et même rire, et me donner le courage de ne pas baisser les bras. Parfois, je me demande ce qu’il m’aurait arrivé si nous n’avions pas repris le contact. Aurais-je toujours eu ce manque au plus profond de moi de ne pas être complète ? Aurais-je sombré dans les profondeurs de l’obscurité de ma cellule ? L’espace d’un instant, un frisson parcouru ma colonne jusqu’à ma nuque. Cessons de ressasser le passé. J’avais une vie maintenant. Avec un entourage qui m’apprécie et une moitié retrouvée. En voyant ma mine fatiguée et dépitée – surtout que je n’étais pas maquillé –, Romy n’a pu s’empêcher d’avoir ce regard inquiet. Depuis que j’étais sortie, elle prenait grand soin de moi. Peut être pour rattraper tout ce temps où nous n’avons pu échanger ne serait-ce qu’un mot. « Très bien oui, je suis partie courir et je n’ai pas vu le temps passer. » Ais-je ajouté dans un sourire avant de lui embrasser la joue. Je suis partie me faufiler dans la salle de bain pour attraper une serviette en passant mon bras à travers la porte entrouverte. Je l’écoutais en même temps me faire remarquer que j’avais une petite mine. Je souris face à ses remarques de mère poule qui lui faisait tout son charme. Au plus loin que remonte ma mémoire, Romy a toujours été protectrice envers moi. C’est loin de me déplaire. Je n’avais jamais eu cette attention lorsque je vivais avec notre mère. Alors le fait qu’on prenne soin de moi désormais et qu’on s’inquiète me réchauffait le cœur. Grâce à la serviette, je me suis essuyée un peu le visage et la nuque pour enlever cette sueur. « Non je n’ai pas encore mangé. » Lui répondis-je alors que je partis mettre la serviette dans le bac de linge salle dans la buanderie. Cette maison me semblait tellement spacieuse. Cela n’avait rien à voir avec le petit appartement que nous avions avant mon incarcération. Et une atmosphère chaleureuse et aimante s’y émanait. C’était un foyer, mon foyer. J’avais du mal à trouver ma place au début et bien que je ressens parfois cette gêne de ne pas être chez moi, ma famille fait tout pour. Peut être qu’un lien s’est brisé au fil des années où nous n’avions eu aucun contact. Je voulais rattraper ce temps perdu, je voulais reprendre ma vie en main, je voulais avoir une vraie famille et connaitre les joies et les peines qui s’y attachent. Et non l’indifférence d’une mère pour lequel j’étais le plus souvent un fardeau. J’étais trop naïve désormais je suis trop méfiante. Je ne trouve pas de juste milieu mais avec Romy, j’ai la volonté de devenir une personne meilleure bien que le passé ne peut être effacé. « Ca te dit qu’on commande un truc ce soir et qu’on fasse une soirée entre sœurs ? Devant des films. Je te laisserai choisir ! » Lui demandais-je avec un sourire. Nous n’avions pas passé notre enfance ensemble et de ce fait, nous avions raté pas mal d’épreuves et de souvenirs qui auraient pu être inoubliables. Peut être que ces souvenirs là pourront les combler ?

La famille est un lieu où tout le monde vous aime, peu importe comment vous êtes, ils vous acceptent pour qui vous êtes.

Adolescente, Romy Roseburry avait eu la chance de connaître les soirées entre copines : sorties en boite ou tout simplement des pyjamas parties, où elles regardaient des films, se vernissaient les ongles et parlaient de tout et de rien, dans la bonne humeur. C'était de très bons moments, agréable et relaxant. Sauf qu'à chaque fois, Romy avait eu comme un manque : Callie n'était pas là. Elle ne partageait pas ces moments avec elle, ce qui faisait un vide, dans le cœur de la jeune femme. L'adolescente que Romy était, savait pertinemment que Callie n'avait pas la même chance qu'elle, qu'elle ne devait certainement pas passer des soirées tranquilles, entre amies. À chaque fois qu'elle y pensait, le cœur de la jeune Roseburry se serrait, les larmes menaçant de couler sur ses joues roses, à l'idée d'où Callie devait se trouver, sous la tutelle de leur ignare de mère !

Quand Callie lui expliqua qu'elle était partie courir, sans voir le temps filer, la jeune femme fut légèrement rassurée. Elle était contente de voir sa sœur reprendre une vie, que ça soi aussi bien sociale que personnelle ! Elle travaillait, avait reprit des cours et faisait attention à elle. Ce qui faisait du bien à Romy ! De plus, depuis que sa sœur était rentrée chez eux, elle se sentait enfin complète. Elle s'était rapidement intégrée avec leur demi-frère, leur belle-mère et Romy avait surpris, à de nombreuses reprises, le regard ému et tendre que leur père posait sur Callie, qu'il n'avait pas vue depuis longtemps et qui lui avait, même s'il le taisait, terriblement manquée. Romy était heureuse de revoir sa famille ainsi, unie contre tous. Ça lui donnait du baume au cœur ! Quand Callie lui dit qu'elle n'avait pas encore mangée, Romy ouvrit le frigo et fit la grimace devant son contenu. Son père avait encore oublié d'aller faire des courses ! La jeune femme envoya rapidement un sms à sa belle-mère, lui demandant de rapporter le nécessaire, quand elle aurait le temps. Faisant avec les moyens du bord, Romy sorti ce qui était présent dans le frigo de la cuisine, prit deux tranches de pain et commença à les tartiner avec du beurre, attendant que Callie sorte de la salle de bain et revienne près d'elle. « Tu veux que je te prépare quelque chose à manger ? Y a pas grand chose, papa à encore oublié d'aller faire les courses ! Tu le connais, il est tête en l'air... » sortant la bouteille de lait de son emplacement, Romy prit deux grands verres, s'en servit un et attendit que sa sœur lui réponde, avant de lui servir à boire « faudra donc faire avec les moyens du bord ! On a du pain frais par contre, je te prépare quelque chose, si tu veux ? » Une mère poule ? Oui ! Mais Romy savait que sa sœur avait besoin qu'on s'occupe d'elle, qu'on soit au petit soin, même si elle ne le disait pas. Dans le fond, elle n'avait eu personne pour s'occuper d'elle, ces dernières années. Alors qu'elle aurait dû avoir une mère pour l'écouter, l'aider et faire les petites choses du quotidien, Callie avait été livrée à elle-même, sans pouvoir compter sur qui que ce soi... La moindre des choses était donc, qu'aujourd'hui, quelqu'un s'occupe enfin d'elle ! Puis, la jeune Romy le faisait avec un plaisir non dissimulé. Elle était comme ça, après tout, la petite Romy. Avec le cœur sur la main.
« Ca te dit qu’on commande un truc ce soir et qu’on fasse une soirée entre sœurs ? Devant des films. Je te laisserai choisir ! » souriant, Romy acquiesça d'un hochement affirmatif de la tête. « Bien sûre ! Tu veux commander quoi ? Italien, chinois, mexicain ? » à l'annonce qu'elle avait le droit de choisir le film, Romy eu du mal à contenir un petit rire. La jeune criminologue était une amoureuse des romans, films, séries et tout le tralala du style thriller et drame. Pas sûr que ça soi ce dont Callie avait besoin ! Les films d'amour ? Elle n'en avait qu'un ou deux et le fit remarquer à sa sœur : « Tu sais, si tu me laisses choisir le film, tu n'auras rien à l'eau de rose ou à mourir de rire ! Tu as déjà vu les DVDs que j'ai... Donc, soit on se fait un beau thriller, pas sûre que tu apprécieras, soit on loue un film ? » souriant à sa sœur, elle bu une gorgée de son verre de lait, souriant d'avance à la petite soirée qu'elles allaient se faire toutes les deux.

Just give me a reason, just a little bit's enough. Just a second we're not broken just bent and we can learn to love again.

Après être sortie de la salle de bain, je suis partie retrouver ma sœur à la cuisine. Je me suis assise sur un tabouret près de la table en hauteur qui était plutôt comme un comptoir et j’ai replié mes bras dessus pour pouvoir y poser ma tête. J’observais ma sœur d’un regard attendri et un fin sourire sur les lèvres. Bien qu’on ne soit pas totalement identique, nous avions la même forme des yeux, les mêmes lèvres. Mais surtout, nous avions le même regard lorsqu’on partageait un moment ensemble. Si je fermais les yeux et que je laissais mes oreilles s’éveillaient, je pourrais entendre son cœur battre au même rythme que le mien. Nous nous complétons et cette complicité, j’avais tant espéré la retrouver. Etait-elle heureuse comme moi je l’étais à ce moment précis ? Avait-elle comme moi l’impression d’avoir retrouver sa partie manquante ? Je regardais ses mains tartiner les tranches de pain avec le couteau. J’avais l’impression d’être la petite fille et Romy ma mère. Une mère présente et affectueuse bien que la notre était totalement différente de cela. Ca faisait du bien d’être entouré de gens qu’on aime et qui nous aime. Comment ais-je pu survivre à ce manque horrible d’une moitié ? Puisque maintenant, je me sens épanouie et indestructible auprès d’elle. Nous sommes jumelles, nous sommes un tout. Voilà ce qu’est Romy pour moi : mon tout. « Si tu insistes, je veux bien une de tes tartines. » Ajoutais-je en guise de réponse à sa question tout en attrapant une tartine qu’elle venait de préparer. J’ai croqué dedans tout en la regardant d’un air innocent. « Non, ça va aller. Un bon verre de lait et ma tartine, ça me callera jusqu’à ce soir. » Poursuivis-je. Romy était tout le temps au petit soin pour moi depuis que je suis arrivée à la demeure familiale. Parfois, j’en venais à me demander si elle ne me prenait pas en pitié. Mais la connaissant, malgré ses années d’éloignement, c’était simplement de l’amour. Comment pouvais-je la rendre heureuse et épanouie comme je l’étais à cet instant ? Je voudrais lui rendre l’appareil. Seulement, les années derrière moi on fait que je ne suis plus affective et plus aussi démonstrative de mes sentiments. Alors je me contentais d’avoir ce sourire tendre sur mes lèvres tout en l’observant. Peut être qu’une lettre lui dévoilant toutes mes pensées suffirait à lui montrer ? Romy avait le cœur sur la main. Même étant petite, elle n’hésitait pas à me prêter ses poupées quand je perdais les miennes. Elles n’étaient pas perdues en réalité. Juste maladroite et tête en l’air que je suis, je ne savais plus où je les posais. Et c’est à chaque fois ma jumelle qui les retrouvait. Je n’ai jamais su si elle les cherchait réellement ou si elle tombait juste dessus par hasard. J’établis un nouveau croc dans ma tartine, lui donnant la forme de la lettre U maladroitement dessiné avec la marque de mes dents. Je l’ai rapidement terminé puis je me suis sucé les doigts pour enlever le reste de confiture qui commençait à coller sur la peau. De toute manière, je vais devoir prendre une bonne douche. Bien chaude avant de me préparer pour cette soirée entre sœurs devant la télévision. « Bien sûre ! Tu veux commander quoi ? Italien, chinois, mexicain ? » Me questionnait-elle. Je mis un doigt sur mon menton pour lui faire signe que je réfléchissais. En réalité, je faisais simplement bonne figure. J’avais envie qu’elle choisisse ce qu’elle préférait. « Les trois me font envie enfaite. Arf, je n’arrive pas à départager ! Je te laisse choisir ! » Ajoutais-je. Un léger rire est survenu ensuite à cause de sa mise en garde sur les films qui étaient disponibles dans sa bibliothèque de DVD’s. Des thrillers. Est-ce que j’aime ? Je préfère les films d’horreur mais je peux tout à fait me contenter d’un thriller. Après tout, ce goût qu’elle a pour ce genre ne me surprenait pas en vu de son métier. Criminologue… Je n’ai jamais su pourquoi un tel choix. « Je suis partante pour un bon thriller ! Et qu’est-ce que tu crois ? J’ai une culture cinématographique large ! » Ais-je ajouté dans mon humour. J’ai tourné la tête pour respirer mon tshirt. « Eurk… Faut que je prenne une douche par contre ! Je crains là. » Lançais-je tout en me levant.

La famille est un lieu où tout le monde vous aime, peu importe comment vous êtes, ils vous acceptent pour qui vous êtes.

« Les trois me font envie enfaîte. Arf, je n’arrive pas à départager ! Je te laisse choisir ! » la réponse de Callie ne surprit pas une seconde Romy ! Depuis son retour dans la demeure des Roseburry, la jeune femme avait l'impression que sa sœur voulait toujours lui laisser le dernier choix, pour qu'elle choisisse ce qui lui faisait envie. Dans un sens, Romy la comprenait : elle faisait exactement la même chose, de son côté ! Vouloir à tout prix que Callie soi heureuse, épanouie et qu'elle se sente à l'aise ici, au sein de sa famille. Elle avait encore besoin de prendre quelques marques, mais le jeune criminologue faisait en sorte qu'elle s'intègre rapidement. Chose qui, jusqu'à présent, semblait plutôt bien fonctionner ! Elle s'était fait quelques relations -et de bonnes relations!- sous l’œil attentif, bien que discret, de la jeune femme. Certes, Romy en faisait trop, mais elle s'en moquait ! Callie était la personne la plus importante dans sa vie et elle comptait faire en sorte qu'elle reprenne une vie seine et digne de ce nom, dans cette ville. Romy ne put retenir un petit sourire à l'intention de sa sœur ; elle était vraiment une piètre comédienne ! Un jour, il faudrait que Romy le lui avoue, mais son bon cœur la fit flancher et la jeune femme tenta de deviner quel style de cuisine sa sœur aimait le plus. Elles avaient beau être jumelles, même fausses jumelles, les deux femmes n'avaient pas tellement de points communs, elles s'en apercevaient à présent. Mais qu'importe ? Elles partageaient le même amour l'une pour l'autre, elles se sentaient toutes deux enfin apaisées, quand l'autre était présente. C'était tout ce que Romy désirait : la garder auprès d'elle, pour toujours ! Quand elle eu fini de faire sa tartine à elle, elle mordit dedans, avant de répondre, après avoir avalée sa bouchée : « Va pour la cuisine italienne alors ! Mexicain ne me tente pas trop, je préfère éviter les épices pour le moment ! » elle fit un signe vers son ventre, avant de prendre d'une petite voix « je crois que je couvre quelque chose, je préfère ménager mon estomac du coup ! », les deux filles finirent leur tartine respective dans un silence calme, bienvenu. Quand elle eu tout englouti, Romy prit une autre gorgée de son verre, avant de finir tout son lait et de le poser près de l'évier. « Un thriller ? Très bien ! » elle ne put s'empêcher de sourire, lorsque Callie lui dit qu'elle avait une large connaissance cinématographie « mais je n'en doute pas, ma chère sœur » et de lui faire un clin d'œil. En réalité, elle n'en savait rien. Elle ne savait même pas quel style de film sa sœur préférait, ce qu'elle détestait... Mais, comme elle reprenait des études de droit, la jeune criminologue en déduisit que ce style de films ne la dérangerait pas. Du moins, elle l'espérait.
« Eurk… Faut que je prenne une douche par contre ! Je crains là. » un rire franc s'échappa de la gorge de la jeune Roseburry. Chaque mimique de Callie la faisait fondre. Elles apprenaient à se « reconnaître » au fil des jours et Romy adorait sa spontanéité, son naturel et sa bonne humeur ambiante. Elle était bien à ses côté, mais Romy n'avait pas non plus envie de toujours lui rabâcher les oreilles, en lui disant qu'elle se sentait enfin entière, maintenant qu'elle l'avait récupérée dans sa vie. Après tout, Callie le savait et elle n'était pas aussi démonstrative que Romy, cette dernière ayant toujours besoin de contact physique, de câlins et d'une attention particulière pour les moments personnels. Elle fit un petit signe de tête, ne pouvant s'empêcher de sourire. « Pendant que tu vas prendre une douche, je vais déjà aller faire une petite sélection de films. » et tandis que Callie se dirigeait vers la salle de bain, Romy prenait la direction des escaliers, pour aller tout droit dans sa chambre.
C'était une pièce agréable, à l'image de sa propriétaire, qui n'avait plus rien changé depuis ses dix-sept ans, dernière année où elle avait remeublée le tout. Dans des tons roses, verts, avec une ambiance cosy et vintage, cet endroit était l'un des préféré de Romy. Elle y avait passé les meilleurs moments, comme les moins bons, apprenant de bonnes comme de mauvaises nouvelles. C'était ici, qu'elle avait écrit pour la dernière fois son discours de fin d'année, au lycée. Ici, qu'elle avait apprit qu'elle était acceptée à l'université, qu'elle y allait avec sa meilleure amie et qu'elles allaient vivre ensemble durant ce laps de temps. Aussi dans cet endroit, qu'elle avait apprit l'emprisonnement de sa sœur, qu'elle avait pleurée toutes les larmes de son corps, soutenue par son paternel. Bien que ça ne soi qu'une pièce, s'était dans cet endroit qu'elle avait tous ses souvenirs, quelques photos, tracs ou lettres épinglées sur le mur, au-dessus de son bureau, lui rappelant son adolescence et ses jeunes années d'adulte. Aujourd'hui, les cours, dossiers d'inscriptions et cartes de félicitations avaient laissés place aux dossiers sur lesquels elle travaillait et à quelques livres desquels elle tirait des information sur divers choses. Elle se dirigea vers la fenêtre, regarda quelques secondes au-dehors avec un petit sourire au coin des lèvres et se baissa ensuite vers la banquette. Elle fit glisser la petite porte, qui cachait un espace où avait été remis plusieurs DVD's. Une bonne astuce pour gagner de la place, ranger sans encombrement. Elle sorti cinq boîtiers, avant de bouger ses chaussures et de mettre ses slash aux pieds. Elle descendit les escaliers pour se diriger droit vers le salon, en attendant que Callie ait fini de se doucher. En attendant, elle prit son portable près d'elle et invita Charles à prendre place à ses pieds, profitant que leur père ne soi pas là pour laisser la boule de poils prendre ses aises. Elle savait que Monsieur Roseburry était contre la présence de son chien dans le canapé, « réservé aux êtres humains ! » comme répétait sans cesse son paternel. Mais, aux yeux de Romy, tout comme pour son demi-frère et sa belle-mère, Charles avait le droit de venir dans le divan, du moment qu'il ne prenait pas la place d'un autre membre de la famille. En l’occurrence, dans le grand salon épuré de la famille, il y avait deux canapés plus un fauteuil, ce qui faisait qu'aucune excuse ne permettait de faire bouger le chien de sa place. D'ailleurs, dans peu de temps, Minou -le chat de la famille- n'allait pas tarder à venir chercher une place auprès d'une des sœurs Roseburry.