be proud of who you are.
(ninon)
« Je ne sais pas, je... Waw, c'est dingue. » J'étais toute excitée, époustouflée, à bout de souffle. Un simple regard, et ma vie venait de basculer du tout au tout. Je ne tenais plus en place, des milliers de fourmis parcouraient mon corps, ramenant à la surface de lointains souvenirs enfuis.
Sid. J'y avais cru, un court instant, et j'y croyais toujours. Comme une folle. Comme une désespérée. Comme si ma vie ne tenait qu'à cette certitude. Mais la désillusion, loin de me plonger dans une mélancolie cancéreuse, venait de raviver la flamme que je pensais à jamais éteinte. Il n'était qu'un inconnu, et pourtant je ressentais un besoin vital de le sentir à mes côtés. Comme si ce sera là la seule chose qui pourrait me maintenir en vie. Et j'y croyais dur comme fer.
« Tu n'es pas comme les autres, je ne m'y ferais jamais. » Je sentais mes joues s'embraser, les battements de mon coeur s'accélérer. Je ne jurais plus que par lui. Au point d'en être envahissante, je le savais, mais je n'y prêtais guère attention. Je m'en foutais royalement tant que j'y trouvais mon compte.
L'égoïsme est un art de préservation. Probablement.
« J'arrive pas à me passer de toi tu sais. » Je l'entendis rire, de ce rire aimé, espéré, tant voulu. A ses côtés je retrouvais un second souffle, une nouvelle vie, une seconde chance, une nouvelle jeunesse. Et avec mon pauvre coeur de petite fille décalée, j'y voyais là les symptômes de l'amour. Le vrai, le dur, le pur. A jamais.
(Bréven) Cette jeune fille est... Étrange. Je n'ai croisé son regard qu'innocemment. Vous savez, lorsqu'un homme rencontre une jolie fille dans la rue, à tout hasard, et qu'il se permet un maintien. Une prolongation. Rien que pour le plaisir de frôler la beauté à l'état pur. L'ivresse. Et pourtant, j'ai senti que là était pour elle toute la différence. Comme si je venais de lui inculquer un espoir, une brèche où elle pouvait se faufiler. J'savais pas d'où elle sortait, et comment voulez-vous dire non à ce regard de biche? Je suis faible, je l'admet. Je l'ai laissé prendre possession de mon espace vital, de mon intimité. Sans oser la repousser, sans réussir à m'en séparer.
Attachiante cette gamine. Au final, elle a prit possession de mon être tout entier. Que Dieu me condamne pour ma faiblesse.
« Tu n'es pas comme les autres, je ne m'y ferais jamais. » Je n'arrivais toujours pas à m'y faire à cette drôle de girouette. Hormis son intrusion...
Étrange disons, elle était parfaite. Trop, probablement. Malgré sa maladie -qu'elle m'avait avouée avec une honte évidente et injustifiée- elle gardait son charme. Sa tendresse. Sa douceur. Et Dieu seul sait si j'en manquais, ces derniers temps. Elle était un peu comme la petite sœur que je n'avais jamais eu. Et que je n'aurai jamais. Je ne nie pas ces nuits que l'on a passé ensemble, en tout bien tout honneur. Mais la sentir se presser contre moi, s'agripper à mon corps comme une noyée à sa bouée, ça me fait du bien. J'ai l'impression de compter, d'être vital pour quelqu'un. D'avoir un but, une utilité. Et j'ai beau me dépatouiller, trouver des excuses en tout genre, je dois avouer que je m'y suis attaché. D'une telle force que j'en ai le vertige parfois.
« J'arrive pas à me passer de toi tu sais. » Mais là était le hic. Je ne pouvais la laisser s'embourber dans son amour de secours pour moi. Je savais que l'envie y était, mais le coeur manquait. Tout ceci n'était que des illusions qu'elle se forçait à croire pour combler le vide dans sa vie. Dans son coeur. Le vide de Sid. Le vide de cet amour inachevé et détruit par la mort. Et même si je m'y complaisais, il fallait que j'y mette un terme. Que je détruise à mon tour ce lien entre nous, que je lui ouvre les yeux.
Je ne peux lui donner ce qu'elle recherche. Et pourtant... Pas tout de suite, attendons encore un peu, non?