be proud of who you are.
Au moins une fois par jour, nous avions l'autorisation de nous retrouver pour deux petites heures dans la cour, bien que ce soit un grand mot. Il y avait simplement un panier de basket, quelques gradins et des tables où il était possible de demander des jeux d'échecs et de cartes. Une fois de plus, j'étais assise sur les gradins, fixant alors le ciel que je peinais à apercevoir le reste du temps. Aujourd'hui, il était bleu et le soleil trônait. Autrefois, je ne ressentais pas de plaisir devant ce beau spectacle. C'est dévastateur qu'il m'ait fallu être en prison pour pouvoir me rendre compte de cette beauté. J'entendis alors un craquement sourd provenant d'un peu plus loin. Une table venait de se briser sous le poids de quatre détenus. Hommes et femmes, nous étions mélangés durant cette courte récréation. Moins de deux minutes a suffit pour les séparer et en envoyer un dans le cachot. Une pièce très étroites et sans lumières où on pouvait y passer des nuits entières, perdant ainsi la notion du temps.
« Salut beauté. » Me lançait une voix à mes côtés. Julian, un autre prisonnier que j'avais rencontré quelques mois plutôt. Nous avions pris pour habitude de nous retrouver à ce moment là, lorsqu'il n'était pas occupé à déclencher une bagarre ou à s'y mettre dedans.
« Tu as la lèvre en sang. Tu finiras poignarder un de ses jours mais après tout, ça m'est égal. » Ajoutait-je. Je ne pourrais décrire la nature de notre relation. Depuis que mon incarcération, je profitais de cet air frais pour contempler le ciel ou poursuivre un livre emprunté à la bibliothèque.
« J'ai appris à te connaître, petit coeur. Malgré ce que tu veux montrer, tu t'inquiètes. Sinon pourquoi cette réflexion ? » Me narguait-il avec un petit sourire en coin qui lui était propre. Je n'ai pu m’empêcher d'étirer un timide sourire sur les lèvres. Il est vrai qu'il était le seul ici à me connaître malgré ma carapace. Je lui avais confié mon passé et les raisons qui m'ont envoyé en prison. Il me protégeait contre les autres.
« Julian, tu ne m'as jamais dis comment tu t'étais retrouvé en prison ? » Me risquais-je à lui demander. A vrai dire, je pense que j'avais un peu peur de la réponse. Ce n'est pas dans cet endroit que je pourrais faire des rencontres sans risque. Il y avait de tout, des voleurs, des pédophiles, des arnaqueurs, etc. Des rumeurs circulaient beaucoup mais aucun d'entre eux ne dévoilaient la vérité, préférant plutôt garder le mystère et la peur dans les yeux des autres détenus.
« J'ai tué un homme. » M'avouait Julien. Je n'ai rien répondu, le frisson glacial de ma nuque me pétrifiant de tout mouvement. Je ne pouvais pas me résigner à le voir comme un meurtrier. Lui, qui était si différent avec moi, n'avait pas cette noirceur dans les yeux. Une sonnerie intense retentit signe que l'on devait retourner dans nos cellules. Julian s'est levé et m'a fait face pour me regarder droit dans les yeux.
« Tu sais, j'attends ces deux heures avec impatience rien que pour te voir. Tu es le meilleur moment de ma journée. » M'a-t-il adressé avec un clin d'oeil avant de rejoindre les autres de son bâtiment. Je suis restée avec un sourire niais. Qui aurait cru que je pourrais tomber sous le charme d'un homme en prison ?
C'est le jour de ma libération. Pour l'occasion, je portais une robe bustier à fleurs que la gardienne avait pour habitude de me passer lors des visites avec ma soeur. Je ne savais pas à quoi m'attendre une fois dehors. Est-ce que cela a changé en deux ans ? Je regardais la fenêtre le ciel bleue que je pouvais observer maintenant sans crainte. C'est alors que la porte s'est ouverte, laissant place à Julian. Un large sourire a prit place sur mes lèvres.
« Ils ont accepté que je vienne te dire au revoir. » M'annonçait-il avec son incroyable sourire en coin qui avait le don de le rendre encore plus charmant qu'à son habitude. La seule chose qui me manquera le plus dans cette prison, c'est Julian. Sa bonne humeur, son humour, son visage. Je vais les regretter amèrement.
« Il te reste combien de temps..? » Lui demandais-je avec une faible voix. J'aurai tellement aimé que ce soit notre libération à tous les deux, que je puisse le connaître en dehors de cet isolement.
« Encore quelques années. » Ajoutait-il. Ma tête s'est baissée en direction du sol, ressentant tout à coup une pointe au coeur. J'avais mal de le quitter. Julian s'est lentement approché de moi, rétrécissant la distance qui nous séparait dans cette petite pièce à côté de la salle des visites. De ses mains menottées, il a passé quelques doigts sous mon visage pour le relever face au sien.
« Ne m'oublies pas, Callie... » Me murmurait-il. J'ai laissé échapper une seule larme qui vint m'essuyer de son pouce. Un regard profond puis il vint déposer ses lèvres sur les miennes le temps d'un doux et unique baiser.
« Profites bien de ta liberté, petit coeur. » Me lançait-il dans un sourire avant que des gardiens ne viennent le récupérer. A ce moment précis, j'espérais simplement le retrouver.
Cela fait un an et demi qu'ils ne sont pas revus. Les anciens détenus n'ont pas le droit de rendre visite, de peur qu'ils complotent pour une évasion. Alors, ils s'envoyaient des lettres. Julian vient de sortir à son tour après avoir demander d'être libéré pour bonne conduite. Il ne lui restait que deux ans. Sachant que Callie vit désormais à Southington, il est parti dans cette ville dans le but de la retrouver. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que la demoiselle a plutôt de gros ennuis. Entre son "copain" qui vient d'être fiancé de force et sa famille qui fait tout pour resurgir le passé de Callie dans le but de la renvoyer en prison, étant donné qu'elle est en libération conditionnelle pour encore six mois. A côté de ça, la femme qui l'a entrainé dans la prostitution de luxe refait surface à son tour. Julian est connu pour avoir un très mauvais caractère et être impulsif. Renoncera-t-il à sa liberté conditionnelle en voyant la femme qu'il aime dans un tel merdier et en proie à un autre homme ?