NOM : Saltzman. PRÉNOM(S) : Léandre Yann. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 31 Août à Los Angeles. ÂGE : 21 ans. ORIGINES : Américaines. STATUT CIVIL : Célibataire. ORIENTATION SEXUELLE : Bisexuel. PROFESSION/ETUDES : Bibliothèque. GROUPE : Lost here.

~ comment as-tu découvert la légende de l'avenue Stanley Hall ? A la bibliothèque bien sur vu que j'y travaille. Il y a toujours une ou deux harpies avides de connaissances et de bavardages qui viennent vous interroger à propos de tout et n'importe quoi. La discussion avait du se poursuivre jusqu'à aborder cette fameuse légende. Autant dire que, si j'avais dit « Ah oui, très intéressant ! » je n'en avais pas cru un mot. M'enfin, toujours contenter son interlocuteur pour qu'il nous lâche les basques c'était une chose que j'avais appris très rapidement en arrivant dans cette ville. ~ penses-tu que cet événement est réellement eu lieu ? Bien sur que non. Ça ne va pas la tête ? Les légendes urbaines c'est justes des histoires qu'on raconte pour se faire peur. Et il faut croire que ça marche. Comment voulez-vous que tant de personnes soient mortes en même temps sans personne pour s'en rendre compte, sans voisins pour voir la scène ? Impossible. I-M-P-O-S-S-I-B-L-E. Enfin certaines personnes semblent persuader du contraire et croient dur comme fer que cet évènement s'est réellement déroulé. Parfois c'est un peu déroutant et c'est presque comme s'ils arrivaient à me convaincre. Mais non. On peut inventer toutes les possibilités, plus ou moins abracadabrantes d'ailleurs, une légende urbaine reste une légende urbaine soit... Une légende. Un mythe. ~ quelle est la légende urbaine qui t'effraye le plus ? A vrai dire je me documente rarement sur les légendes urbaines. Non pas que ça ne m'intéresse pas mais je n'y pense pas. D'ailleurs j'ai tendance à me faire peur tout seul donc inutile d'en rajouter avec des histoires à dormir debout qui foutent la frousse. Bon, j'ai bien lu un manga, il y a quelques années, qui parlaient de légendes urbaines et l'une d'elles m'avait particulièrement fait peur. Impossible de me retrouver tout seul dans une pièce sans scruter les moindres trous, les moindres fissures. La femme des interstices, ça vous dit quelque chose ? Non ? Bon, je vais vous expliquer : c'est simplement une femme - ou plutôt une légende, notez cela - qui peut se glisser dans n'importe quel interstice pour vous observer. Jusque là, ça fait voyeur mais rien de plus. Sauf que si je me souviens bien elle finit par assassiner la personne d'une façon sans doute horrible et... Ok, je n'avais pas écouté la fin, j'avais trop flippé.

Il s'appelait Léandre,
Léandre Yann Saltzman. Il n'était pas d'ici et cela se voyait parfaitement. Il était arrivé un Samedi matin par le train et s'était installé dans un petit motel en bordure de la ville. En soit, rien d'extraordinaire. Sauf que Miss Peeves, née à Southington et dont les ancêtres avaient toujours vécu là, était une véritable fouineuse. Lorsqu'une nouvelle personne arrivait dans le quartier elle ne pouvait pas s'empêcher de se poser des questions, d'aller voir, de faire des recherches. Dans une ville comme celle-ci les nouveaux arrivants se faisaient rares. Certains venaient débuter leur carrière ici, les autres y étaient nés, point barre. Mais ce type là, d'une vingtaine d'années, il ne venait visiblement ni pour l'un ni pour l'autre.

Ainsi Miss Peeves avait entamé ses recherches, s'occupant ainsi pour des journées. Elle avait appris son nom en le percutant « malencontreusement » et s'était arrangé pour connaître son âge. A partir de là, les choses avaient été bien plus simples : l'engager pour ranger sa maison, elle pauvre vieille femme faiblarde, bavarder, lui offrir le café... Ainsi Léandre Saltzman était né à Los Angeles vingt-et-unes années auparavant. Il y avait grandit puis sa famille avait brusquement déménagé pour un village dans le nord. La raison ? Aucune en particulier. Léandre avait ainsi poursuivi ses études là-bas avant de brusquement les arrêter dés la fin du lycée, s'épargnant de longues années d'ennui en universités diverses et variées. A partir de là Miss Peeves s'était méfiée. Un garçon sans savoir n'était pas bon pour la ville, elle le savait. Miss Peeves n'était pas totalement dépourvue de ressources : elle connaissait parfaitement Facebook et autres réseaux sociaux. Les recherches n'avaient pas abouties à grand chose mais elle pouvait désormais affirmer que le jeune Léandre n'avait jamais posté de photos d'une éventuelle petite amie ou même de simples sorties entre amis. La raison ? Il n'avait simplement pas de photos sur son compte Facebook qui ne servait apparemment qu'à se trouver de petits boulots ici ou là. Étonnant pour un gars qui allait vers son vingt-deuxième anniversaire. Et puis elle était passée aux journaux. Et là miracle, découverte.

L'article datait d'une quinzaine d'années et concernait ce fameux petit village où Léandre avait déménagé aux environs de ses deux ou trois ans. Le quinze septembre 1999, soit quelques jours après la rentrée des classes, le père du jeune garçon s'était fait arrêté en public, à la sortie de l'école. Trafic d'on-ne-sait-quoi, participation potentielle dans deux ou trois affaires fumeuses... Quelque chose de, sinon banal, pas spécialement rare. Sauf que ça s'était passé à la sortie des classes devant les camarades de Léandre. Miss Peeves avait alors cherché plus loin, piratant l'ordinateur de la psy qui avait suivi le garçon durant son enfance - qui c'est qui disait que les vieux de quatre-vingt piges étaient incapables de faire quoi que ce soit avec un PC ? Révélation. Léandre Yann Saltzman était un enfant battu non pas par sa mère mais par ses camarades de classe. Tout avait débuté par de simples questions avant de passer aux moqueries puis, progressivement aux coups. Ceux-ci s'étaient au fil du temps amplifiés. Et à la fin la plupart des gamins ignoraient les raisons de cette méchanceté gratuite mais s'y prêtaient de bon coeur. Comme quoi des gosses de dix ans pouvaient être aussi horribles que quelques adultes. Toujours est-il qu'il avait fuit sa ville dés le lycée achevé, filant sans trop se retourner. Et il avait finalement atterri à Southington.

Miss Peeves avait finalement abandonné lorsque Léandre s'était trouvé un appartement proche de la bibliothèque municipale où il avait été engagé. Peut-être que finalement elle n'aurait pas à s'inquiéter d'un nouveau venu ? Et pourtant la vieille octogénaire était loin, très loin, d'être totalement rassurée. Bizarrement elle s'inscrivit à la bibliothèque, gardant un oeil sur ce fameux Léandre, lui parlant parfois de légendes urbaines, ou plutôt de LA légende urbaine locale.