NOM : hadley. ouais, comme son papa un peu con. comme son frère un peu con aussi, de qui il ne vaut mieux pas dire du mal. et comme lui, aha. PRÉNOM(S) : ulysse, comme ce type qui a voyagé pour rentrer jusque chez lui. ouais, il est légendaire, hein. mais c'pas facile à porter dans la vie de tous les jours. et puis, franklin. non, pas comme la tortue qui sait lacer ses chaussures inexistantes, disons plutôt... comme le président. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : môsieur est né un trente-et-un octobre, à new york, dans manhattan. ÂGE : trente ans. ORIGINES : américaines, et britanniques. il paraîtrait, tout du moins, de ce qu'on a bien voulu lui dire. STATUT CIVIL : célibataire, huhu. il aime bien son statut de libertin. ORIENTATION SEXUELLE : hétérosexuel. PROFESSION : substitut du procureur. il joue aussi de la musique, et chante, à ses heures perdues. GROUPE : back to the past. il y croit. pourtant, il ne l'avouerait pas haut et fort, et ne l'avouerait même pas du tout.

~ comment as-tu découvert la légende de l'avenue Stanley Hall ? Vous savez, les gens parlent. Et moi, j'ai l'oreille qui traîne, depuis toujours. Petit, on m'appelait la commère de l'école. J'étais le gosse qui sait tout, et qui faisait payer les réponses au rumeur avec des bonbons. J'ai failli devenir gros, je vous jure. Bref, là, c'est pareil. Je parle, je fais parler, et j'écoute toujours tout. La légende, des gens en parlent, se disputent dessus. Alors j'ai écouté, entendu. Et je l'ai appris comme ça, tout simplement. ~ penses-tu que cet événement est réellement eu lieu ? Puisqu'il n'y a que vous et moi, alors je vais vous dire que oui. J'y crois. Face aux autres, j'épouse l'attitude du caméléon ; je vais dans le sens de celui ou celle qui me fait face. Mais dans le fond, je me dis pourquoi pas ? Je n'y étais certes pas. Mais y a bien des cinglés dans la vie. Alors pourquoi pas un qui aurait commis un tel massacre, après tout ? ~ quelle est la légende urbaine qui t'effraye le plus ? Bonne question. J'aurais tendance à dire que c'est celui des appels de phare. Vous savez, lorsqu'une voiture de nuit roule sans phares, et que vous lui faites des appels de phare, elle vous poursuit et vous crevez. Le truc du genre. Ben moi, je fais pas d'appels de phare la nuit, je tiens à la vie. Et j'avoue que la légende du fantôme de Walt Disney visible dans certaines Gallery des Disneylands me fait bien marrer, et flipper en même temps.

On dit que la vie profite toujours aux mêmes personnes. Peut-être que ça a du vrai. Et peut-être qu'au contraire, c'est totalement faux. Dans le cas de Ulysse Franklin Hadley, la tendance irait pour la vérité. Vous le voyez, ce beau blond aux airs charmants, tout autant que charmeurs, avec ses yeux bleutés et son sourire malicieux ? Qu'il soit gosse, ado, ou adulte comme maintenant, cela n'a jamais rien changé pour lui. La vie a toujours été ce genre de fleuve assez tranquille, où on détourne les mauvais courants, et où on apprivoise les dangers. L'argent, certes, ça aide. Et dans son cas, c'était un plus. Il n'avait jamais connu la misère, pas même avant que son père ne rencontre sa mère. Ah oui, parce que je pense que c'est important de le préciser ; bébé Hadley était né avant que papa Hadley ne rencontre sa future épouse. C'était un beau nourrisson blond, né d'une mère dont il ne se souvient absolument pas, et qui a trouvé refuge dans les bras de celle sur qui son paternel a jeté son dévolu. À demi adopté donc. Il s'en fiche. Ça ne l'a jamais vraiment traumatisé, ça lui donnait en réalité d'autant plus d'occasions de frapper les débiles qui osaient dire quoique ce soit sur le compte de sa chère moman adoptive. Bref. Papa débarque avec un gosse, belle-maman qui deviendra simplement maman dit ok pour s'en occuper. Et ainsi commence la chère, tendre et belle vie d'un petit Ulysse. Vive le prénom, c'moi qui vous le dit.

L'enfance se passe. À deux ans, maman décide d'adopter un gosse. Elle en veut un deuxième, mais pas question de gâcher sa belle silhouette. Enfin, ce genre de raisons, le petit Ulysse s'en moque bien. C'est le blondinet encore innocent, et il ne se souvient même pas que son frère a été adopté, alors qu'il grandit à ses côtés. Tout ce qu'il voit, c'est que c'est son frère. Rien d'autre. Narcisse, on l'embête pas. Narcisse, il est un peu bête, certes, mais il l'aime. Plus important encore. Narcisse, même quand il n'est pas d'accord avec, il lui donne toujours raison auprès des autres, et le défendra. Bien sûr qu'ils se foutent des tartes dans la tronche, parfois. Ce sont des frères, que voulez-vous que je vous dise. Mais dans l'ensemble, leur relation est plus que correcte. À leur sauce, quoi.

Les années passent. Les deux frères se serrent les coudes face à un père aussi chiant qu'absent. Être un super trader, ça pardonne pas tout, sorry dude. Et puis, vient l'année des dix-sept ans d'Ulysse, et des quinze ans de son frère, donc. Papa et maman divorcent. Enfin, c'est pas trop tôt. Sauf qu'elle s'en va, direction Southington. Et que papa obtient la garde des deux gosses. De ces deux jolis minois, qui haïssent leur père comme ils respirent. Pas de chance. Pendant un an, ils se serrent les coudes. Notre blond va même jusqu'à couvrir la sexualité de son frère ; dieu sait la crise que papa aurait piquée s'il avait appris ses tendances. Mais rien ne se passa. Jusqu'au jour où, brutalement, Ulysse décida de se tirer. Il était majeur, plus rien ne m'en empêchait. Il n'en pouvait plus, de ce père absent, et de ses remarques et critiques incessantes. Son aîné était dragueur, et ne s'intéressait pas trop à ses études, malgré son ambition sérieuse. Il savait tout ce qui se passait dans la moitié de la ville, mais n'était pas foutu de se bouger en cours et d'apprendre ses leçons. Ulysse était un glandeur. Ulysse en avait marre. Et Ulysse a décidé de tout plaquer pour rejoindre sa mère. Du jour au lendemain, il avait plié bagage. Son seul regret ? Ce frère qu'il laissait derrière lui. Mais faut pas rêver. Narcisse viendrait pendant les vacances. Narcisse était grand. Et bientôt, lui aussi se tirerait de sous ce joug paternel écrasant et insupportable.

Southington, charmante petite bourgade, malgré ces rumeurs qui courent, et auxquels il croit plus que ce qu'il ne peut montrer. Quelques mois après son installation, à peine, notre jeune homme s'inscrivait en fac de droit. Tout de même décidé à faire quelque chose de sa vie, et à ne pas se tourner les pouces. Il avait envie de faire du droit, d'être impliqué dans les affaires de la ville. De cette ville dont, rapidement, il entreprit de connaître dans les moindres détails, jusqu'aux plus petites rumeurs de voisinage. Il était comme ça. Trop curieux, trop sociable. Et il l'est toujours. Le temps a passé, il a rapidement quitté le domicile maternel. Un an à peine après son arrivée, en vérité. L'argent permet de faire tout un tas de choses fantastiques, surtout quand maman s'est remariée avec un jeune et riche héritier, qui laisse trainer sa carte de crédit un peu partout. Et il se prend un bel appart, et il commence à vivre sa vie, en poursuivant ses études. Celles-ci l'ont finalement captivé, il est devenu substitut de procureur, après avoir été diplômé en droit. Un poste qu'il aime. Il mène ses enquêtes, et s'occupe des affaires qu'on lui confie du début jusqu'à la fin. Il gagne bien sa vie. Il aime son boulot. Ça ne l'empêche pas de sortir et de s'amuser. Il avait rencontré cette fille, également. Emma. Une beauté, une de celles qui donnaient envie d'arrêter d'être volage, et de se poser. Ce qu'il fit, durant quelques mois. Huit. Jusqu'à ce qu'elle lui parle d'engagement. De mariage. D'enfants. Stop and go. C'est quoi ce plan ? Ni une ni deux, les engagements l'avaient fait freiner des quatre pieds. Emma était passée à la trappe. Il n'a pas envie de se poser, pas envie de parler mariage, ou enfants. Il a envie de profiter de sa vie, et ce encore aujourd'hui. Trente ans... Faudrait bientôt songer à faire quelque chose, pourtant. Pour ça, encore aurait-il fallu trouver la bonne... Alors il cherche. En toute innocence. Avec ses grands yeux et son beau sourire. Il est intelligent, fin calculateur, riche, et on ne crache pas sur son joli minois. Que demander de plus ?

Narcisse a emménagé à Southington. Parce qu'il a avoué à papa qu'il était gay. Et depuis, papa ne veut plus lui adresser la parole. C'était à prévoir. Et le grand sourire de son frère à cette annonce également. Le paternel n'a jamais eu grand chose pour leur plaire, de toute façon. Ce n'était qu'une raison supplémentaire pour le détester. D'autant plus que Narcisse est heureux avec son copain, ou presque. Alors franchement, que demande le peuple ? Pourtant, avec les révélations, tout a éclaté. Le brun de la famille a été adopté. Coup de poignard, mais hors de question de laisser quoique ce soit transparaître. Le premier qui insulte Narcisse se prend la facette sombre de son frère dans la figure. Il reste son frère. Quoiqu'il arrive. Et si Ulysse est plutôt d'un naturel débordant d'énergie et amical, rien de pire que l'eau qui dort, les amis. Les secrets de famille sont mis à nu, mais gare à celui qui les profèrerait d'un ton railleur.

La vie suit son cours. Chacun à sa place, chacun dans son élément. Parfois, pour s'isoler du monde, et s'isoler de lui-même, il arrive à Ulysse d'attraper sa guitare. Quelques notes s'élèvent parfois alors, au gré du vent, se mêlant à sa voix douce et voluptueuse. Et il vit à travers sa musique, arrêtant de mentir, arrêtant de rechercher tout ce qui se trame dans cette ville. Cessant de se pencher sur des dossiers, ou de séduire des jolis coeurs abandonnés. Il arrête d'être cet homme qu'il est devenu. Et rien ne compte plus que sa musique, t la simplicité avec laquelle les choses se font, et les noeuds se défont. Libre. Tout simplement.