Novembre 1986

"Sale petite chienne, tu vas t'en prendre une dans ton petit visage d'ange." L'homme à la grosse voix, qui pourrait faire trembler un mur, était debout devant moi. Je suis âgée de huit ans et j'ai l'impression que cet homme va finir par me tuer. Je suis totalement apeurée devant ce monstre, bras levé, prêt à me mettre un coup de poing sur le visage. "Laisse la tranquille ! Je t'interdis de la toucher." Un petit garçon d'environ treize ans venait de se mettre entre nous deux. Il semblait n'avoir peur de rien, sûr de lui, il était prêt à tout pour me sauver, empêcher cet homme de me frapper, encore une fois... L'homme attrapa le jeune garçon, me délaissant alors totalement et vient lancer son poing dans le visage du petit homme. Des coups de poings, des coups de pieds, il laissait sortir toute sa haine, ayant sans doute oublié qu'il s'agissait de son propre fils, le fruit de ses entrailles. Qui a dit que tous les parents aimaient leurs enfants ?! Je regardais la scène, je ne pouvais pas bouger, incapable de faire le moindre mouvement, j'étais destinée à voir mon grand frère couvert de sang. J'ai fini par mettre mes mains sur ses oreilles et fermer les yeux, le plus fort possible afin de ne pas entendre ses cris et de ne plus voir cette scène sortie tout droit d'un film d'horreur. La violence de cet homme que j'appelais "papa" était insupportable. Heureusement pour ma chère mère que celle-ci est morte depuis quelques temps déjà et qu'elle ne continuait pas de voir cette atrocité. Soudain les cris se sont arrêtés, la porte a claqué. L'homme a quitté la pièce, ayant sans doute rassasié ses besoins pervers. Nathan était là, étendue sur le sol, presque inconscient. Je me suis précipitée vers lui, voulant lui venir en aide et comme à chaque fois qu'il prenait des coups à ma place, comme à chaque fois qu'il me défendait, je ne savais pas quoi faire.
J'ai toujours vécu à Southington. Je crois que ma famille maternelle y vit depuis toujours en fait. Je suis la deuxième enfant d'un couple plutôt pauvre. Mon père était arrivé en ville cinq ans avant de rencontrer ma mère et il n'avait pas un sou en poche. Et ma mère, fille d'un couple de paysans dont il ne restait que ma pauvre grand mère n'avait pas vraiment d'économie. Elle bossait comme serveuse et tout l'argent passait dans l'alcool de mon père. C'est Nathan, mon grand frère qui s'occupait le plus de moi. Ma mère est morte quand j'avais sept ans, des suites d'un cancer. Résultat, Nathan et moi sommes restés vivre avec mon connard de père qui nous frappait sur la gueule, bien que Nathan s'en ai prit plus que moi. Pendant cinq ans on est resté comme ça, sans que personne ne fasse rien, sans que personne ne voit rien. Et puis, ma grand mère s'est battue, elle n'a rien lâché et elle a finit par faire voir le vrai visage de mon père à la ville entière. Résultat, elle a obtenue notre garde et cet homme n'a plus jamais eu le droit de nous approcher. Finalement, il est mort des suites de son alcoolisme. Une fois chez ma grand mère, je dois dire que j'ai eu une enfance heureuse, très heureuse même. Elle n'avait pas beaucoup de moyens mais Nathan et moi, nous essayons de l'aider comme nous pouvions, en faisant des boulots à droite, à gauche, surtout Nathan qui était plus âgé. Il n'y a rien à dire sur mon enfance, elle était parfaite, une fois que j'ai vécu chez ma grand mère.

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Avril 1996

"Nathan ? Bordel qu'est ce qu'on fou ici ?" ais je dis en arrivant à la hauteur de mon grand frère. Je n'aurais pas du sortir ce soir et je le savais pertinemment. Dés que Nathan me traînait quelque part, c'était toujours des plans foireux. Il a passé son bras par dessus mon épaule, avant de finalement afficher un large sourire. Je le détestais clairement dans ces moments là. "Détends toi soeurette, on s'invite à une soirée dans la plus grande demeure de la ville, tu devrais t'amuser." Je n'avais pas envie de m'amuser, j'avais juste envie de partir, m'enfuir le plus loin possible. Sans doute parce que je travaillais ici comme "femme de ménage" tous les weeks end en plus de mes études, afin d'aider ma grand mère à s'en sortir financièrement et que je savais que si mes patrons, monsieur et madame De Luca me voyaient, j'allais avoir de gros ennuis. On ne mélange pas les pauvres avec les riches voyons, même dans une aussi petite ville que celle-ci. Je sentais les ennuis arriver et j'ai donc préféré faire demi tour, regardant mon frère s'éloigner, heureux d'être ici comme s'il n'avait jamais eu l'occasion de faire des soirées. Bon je dois admettre que dans un jardin comme celui-ci c'était sans doute la première fois. Pour ma part, je connaissais très bien cette maison et je n'avais pas du tout l'intention de m'y attarder. "Loïs Spencer ? Vraiment ? Tu sais que tu ne travailles pas le vendredi soir ?" Et voilà, j'étais foutue ! La fille De Luca, se trouvait devant moi. Je n'avais jamais eu le moindre soucis avec elle. Nous n'étions pas dans le même lycée et il était plutôt rare qu'on s'adresse la parole mais il arrivait que je la croise en faisant le ménage et je dois dire qu'elle était sans aucun doute la plus charmante de la famille. Disons que c'est la seule qui ne me traitait pas comme si j'étais une pauvre "merde". Complètement différente de ses parents. J'ai poussé un large soupire, avant de faire une légère grimace, comme un enfant qui vient de faire un grosse bêtise et qui s'est fait attraper. "Ouais...Euh.. Mon frère s'est invité à ta soirée et il a trouvé que m'emmener était une bonne idée...Hum...Je suis désolée, je vais partir." Elle a sourit, l'air totalement amusé, bien que je ne voyais pas vraiment ce qu'il pouvait y avoir de drôle dans cette situation. Elle a alors posé sa main sur mon bras, un large sourire sur les lèvres. "On se calme mademoiselle Spencer ?! Je ne connais pas la moitié des gens qui sont à ma soirée. J'en fais toujours une en Avril, on se raconte la légende qui remonte à plusieurs années, tu dois certainement la connaître ?! Alors tu peux rester avec plaisir. Du moment que tu t'amuse." Okay, le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle avait le sens de l'hospitalité, tout l'inverse de ses parents c'est certain. La première fois que j'ai mis les pieds chez eux, j'ai cru qu'ils allaient fermer tous les placards à clé pour être sûr que je ne pique rien. Je détestais ce genre de personnes. "C'est gentil mais...Je ne crois pas tellement à cette légende et je crois que je ferais vraiment mieux d'y aller." En parlant de cette légende. Ma grand mère me l'avait raconté plusieurs fois mais je n'y avais jamais cru, pourtant, la concernant, elle avait l'air d'être totalement certaine que ça avait existé, elle a toujours dit avoir vécu ce moment là. Pour moi, il ne s'agit que d'une simple invention pour faire peur aux gamins de la ville. Pour Valery De Luca, ça avait l'air d'être plutôt réel aussi. Peu importe, je ne comptais m'attarder ici pour en discuter avec elle. Je préférai de loin quitter cet endroit au plus vite. "Loïs ? Qu'est ce que tu fais ici ?" Et merde ! La jeune femme qui venait de se pointer entre nous deux, était une jeune femme, arrivée en ville récemment avec laquelle j'avais eu le malheur de coucher. Ah oui, car je suis homosexuelle et cela depuis l'âge de mes quatorze ans. J'ai su très vite que je préférai les femmes aux hommes et croyez moi, ça n'a pas été toujours les jours faciles. Heureusement que Nathan et ma grand mère l'ont toujours bien accepté, préférant sans doute me savoir heureuse plutôt que malheureuse. Bref, cette fille là, je n'aurai jamais du coucher avec elle, depuis elle était une sorte de folle alliée qui me harcelait. J'ai soupiré légèrement, passant une main dans mes cheveux avant de sourire totalement gênée. "Tu ne m'as pas rappelé ?! Tu sais quoi ? Si tu avais juste l'intention de me baiser, tu aurais pu me le dire directement." a t elle lancé de manière plutôt violente avant de m'insulter et de disparaitre. Valery s'est mise à exploser de rire. Bah oui évidemment, j'aurais sans doute fait la même chose à sa place. Je l'ai regardé, l'air légèrement boudeur. "Ca va...C'est juste... Peu importe, oublie !" J'allais partir quand elle a de nouveau posé sa main sur mon épaule. "Okay excuse moi..C'est juste que je ne savais pas que tu étais...Enfin de ces gens là tu vois ?!" J'ai soupiré de manière totalement visible, avant de lever les yeux au ciel. Et voilà, je me retrouvais de nouveau confronté à la connerie humaine ! D'ailleurs, je n'étais pas trop étonnée vue l'endroit où je me trouvais. J'ai fini par froncer les sourcils, la regardant dans les yeux l'air grave. "On dit homosexuelle ! Ce n'est pas un gros mot tu sais ?!" ais je dis d'un ton ironique. Son visage s'est alors fermé. C'était la première fois que je la voyais comme ça. "Je sais. Je me suis mal exprimée c'est tout..." Je ne l'ai pas laissé finir. Pour moi, c'était évident, cette fille était aussi intolérante que devait l'être ses parents et que même si elle m'adressait la parole malgré ma pauvreté, mon homosexualité risquait de changer la donne. "Tu sais quoi ?! Laisse tomber d'accord. Je sais très bien ce que tu pense. C'est contre nature et blabla, il suffit de regarder où tu vis pour savoir ce que tu pense hein." ais je dis sur un ton froid et presque violent. Finalement les préjugés ça existent dans les deux sens n'est ce pas ?! C'est souvent le problème avec les homos, on a un peu tendance à se sentir persécuter tout le temps. Sans doute, parce que la plupart du temps, c'était vrai. Je ne pouvais pas savoir que là se serait différent. Elle s'est mise à rire, de manière totalement ironique. "Pour qui tu te prends là ?! Parce que je suis riche, catholique et que j'ai une grande maison, je déteste forcément les homosexuels ?! Tu est ridicule Spencer ! Je pensais que tu n'étais pas le genre de personne à penser ça.." Son ton était calme mais sérieux et je dois dire qu'à cet instant précis, je me trouvais totalement stupide. Elle a fait demi tour et je lui ai finalement couru après pour la rattraper. "Attends..Je suis stupide tu as raison, excuse moi..." ais je dis un petit sourire en coin, espérant sans doute que ça allait suffire. Et d'ailleurs ça a suffit. "Et pour ta gouverne j'ai déjà embrassé une fille." Je me suis alors explosée de rire. Bien sûr, je n'en croyais rien. C'était impossible, pas Valery De Luca. Même si je la connaissais peu, c'était une petite ville ici et je savais très bien que c'était impossible, elle était bien trop..."sage". "Je ne te crois pas..." ais je dis un large sourire sur les lèvres. Elle a alors prit un air sérieux, sans doute beaucoup trop et elle s'est approchée de moi pour venir poser ses lèvres sur les miennes. Bien entendue j'ai répondu à ce baiser, sans même me poser la moindre question d'ailleurs. Valery était du genre hyper sexy, tous les mecs étaient fou d'elles et je ne faisais pas exception à la règle. A la fin de ce baiser, je dois dire que je n'étais pas capable de dire quoi que ce soit. Elle s'est contentée de sourire. "Et bien maintenant c'est vrai..." Et puis elle est partie. Aussi vite qu'elle est arrivée et bien sûr, je n'étais pas du tout en état de la retenir. Ce baiser m'avait vraiment chamboulé.

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Mars 1998

"LAISSEZ MOI LA VOIR...PUTAIN...JE VOUS EN PRIS..." ais je dis en hurlant, les yeux pleins de larmes avant de m'effondrer devant la porte de cette grande maison que je connaissais pourtant très bien. L'homme qui me faisait face, monsieur De Luca, n'avait pas l'intention de me laisser entrer, ni même de me laisser voir Valery. Pourtant, c'était la seule personne que j'avais envie de voir à cet instant précis. Deux ans ! Pratiquement deux ans que Valery et moi sortions ensembles. Je suis presque incapable de dire comment tout ceci a commencer. Nous étions pourtant totalement différentes l'une de l'autre et j'étais plutôt du genre à enchainer les histoires sans rester fidèle mais avec elle, tout était différent. Ce n'était pourtant pas plus simple, loin de là. Nous devions nous cacher. Si ses parents avaient apprit nous concernant, ils l'auraient sans doute foutue à la porte et moi, j'aurais certainement été obligée d'arrêter mon emploi chez eux. Emploi qui me servait à payer mes études de droit, je voulais devenir inspecteur de police mais aussi qui m'aurait empêcher de voir Valery autant que je le voulais. Jusqu'à maintenant nous n'avions pas trop de soucis. Je la voyais à la fac et quand je venais travailler chez elle. Malheureusement, ils avaient fini par nous surprendre. Il faut croire que ça devait très clairement arriver. Cela faisait tout juste un mois et il devenait alors très compliqué de se voir mais heureusement, Valery et moi tenions bons. Je n'avais plus mon emploi mais en attendant de trouver autre chose, j'arrivais encore à aller à la fac. J'avais décidé de ne plus jamais mettre les pieds chez elle mais ce soir là, c'était différent, tout était tellement différent. Nathan, mon grand frère venait de se tuer dans un accident de voiture en sortant de boite. Il buvait toujours beaucoup trop, certainement comme mon père et je me disais souvent qu'il finirait par en mourir. Ca n'avait pas loupé. Plus que jamais cette nuit, j'avais besoin d'elle. Je voulais être auprès d'elle. J'étais totalement dingue de cette fille et même si j'étais rarement celle qui craquait, ayant une certaine force en moi, ce soir je craquais et je voulais plus que tout qu'elle me réconforte. J'avais besoin de ses bras, de ses mots. Je savais qu'elle serait la seule à trouver les mots. Mon frère venait de mourir. Je l'avais su quatre heures plus tôt et j'avais la sensation qu'un trou béant venait de prendre possession de mon coeur tout entier. Je voulais la voir, sans doute parce que j'avais besoin de le sentir battre à nouveau, sans doute parce que j'avais besoin de voir la seule personne qui comptait désormais pour moi. Je croyais en l'amour de Valery, j'y avais toujours cru mais ce soir là, je n'avais qu'une envie : qu'elle tienne tête à ses parents, qu'elle me rejoigne. "Vas t'en, tu n'as rien à foutre ici." Je regardais l'homme qui me faisait face avec tout le mépris que j'étais en capacité d'exprimer à cet instant précis. Je la haïssais tellement de m'interdire de la voir. J'ai finalement baissé la tête, à genoux sous le porche de sa magnifique maison. "Je vous en pris..." ais je dis d'une voix basse, n'étant quasiment plus en mesure de sortir le moindre son de ma bouche. C'est alors que j'ai sentie cette odeur que je connais par coeur et ses bras autour de mon cou. C'était elle ! Elle a redressé mon visage pour que je la regarde. Ses yeux étaient pleins de larmes. Elle me regardait droit dans les yeux et je prenais alors conscience que j'étais toujours capable d'aimer. "Je suis tellement désolée Loïs... Je serais là. Je te le promets." a t elle dit en caressant doucement ma joue. Et puis l'homme l'a attrapé par le bras, l'obligeant à se relever, m'empêchant alors de continuer de la regarde. Pourtant, Dieu sait ce que j'avais besoin de son regard à cet instant. "Entre à la maison Valery, TOUT DE SUITE !" Je me suis redressée à mon tour, comme si, Valery par sa simple présence avait réussit à me donner la force qui me manquait. Je crois que c'est ça que nous nous apportions mutuellement. Cette force qui parfois pouvait nous faire défaut. "Papa, elle vient de perdre son frère, est ce que tu veux bien..." Il ne l'a pas laissé finir, l'obligeant de nouveau à rentrer, par une voix encore plus grosse et grave que la première fois. Elle s'est finalement retournée vers moi et a fait un léger sourire alors que ses yeux étaient remplies de larmes. "Je t'aime.." a t elle dit sans un son, juste en bougeant les lèvres et elle est finalement rentrée et j'ai vu cette grande porte se refermer sur moi.

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Juin 2002

Quelqu'un m'a dit un jour "s'il y a une chose à laquelle tu tiens par dessus tout, n'essaye pas de la retenir. Si elle te revient, elle sera à toi pour toujours, si elle ne te reviens pas, c'est qu'elle n'était pas à toi dés le départ..." Je n'ai jamais essayé de retenir Valery. Je ne voulais pas être la cause des disputes avec ses parents. Je l'aimais certes, mais je ne voulais pas lui demander de faire un choix qu'elle m'aurait peut être finalement reproché des années plus tard, alors j'avais préféré ne rien dire. Et pourtant, aujourd'hui, Valery et moi sommes toujours ensembles. Tout n'a pas été facile autant le dire. Rien ne l'a été d'ailleurs mais malgré tout, nous avons tenus bon. Il faut croire que nous nous aimions suffisamment. Je ne pourrais pas dire pourquoi j'aimais autant cette femme mais pourtant je sais pertinemment que je ne pourrais jamais réussir à vivre sans elle. Oh, vivre avec elle, n'est pourtant pas de tout repos. Elle n'est pas du genre "facile à vivre". Elle est forte, orgueilleuse parfois véritablement garce et elle veut toujours avoir le dernier mot mais malgré tout, je n'en voudrais pas une autre qu'elle. A croire que c'était écrit. Je suis amoureuse de chacun de ses défauts avant même d'aimer ses qualités alors une chose est sûre, je crois que je ne pourrais jamais partir loin d'elle. Sa tête vient alors se blottir contre ma poitrine, elle redresse la tête pour me regarder, un sourire presque malicieux sur les lèvres. Je suis allongée dans notre lit et je finir par froncer légèrement les sourcils. "Okay, je déteste quand tu fais cette tête, en général après, tu as une idée qui n'est jamais très..." Elle pose son doigt sur mes lèvres comme pour me signifier que je dois me taire. Et bien oui, autant le dire, c'est clairement ce que ça veut dire. "Je veux un enfant..." Elle avait murmurer ceci. Dans un souffle, si bien que j'avais presque trouvé ça beau. En tout cas, j'aurais trouvé ça totalement beau si ça ne m'avait pas autant effrayé. Un enfant ?! D'une je n'étais pas un homme et de deux, j'étais totalement certaine de faire une mauvaise mère. Mes expériences parentales étaient un peu médiocres. Imaginez que je sois comme mon père ?! Je me suis alors redressée d'un bond, la regardant droit dans les yeux, sourcils froncés. "Okay tu es défoncée ?!" Question rhétorique bien entendue. Quoi que... J'avais un emploi au commissariat et Valery n'avait à peine terminé ses études pour être avocate. Pourquoi elle voulait un enfant tout de suite ?! L'horloge biologique sans doute, quoi que dans mon cas, elle ne fonctionnait pas tellement. Elle a poussé un soupire, avant de finalement se redresser à mon tour, s'asseyant sur le lit. "Je sais...C'est peut être tôt mais j'en veux vraiment un. Enfin je veux qu'on en est un..." Oh bah oui c'est gentil Valery de m'intégrer au projet. J'ai soupiré à mon tour. "Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure idée que tu ais eu Valery, franchement.." ais je dis avec une légère grimace. Je connaissais ma petite amie et sa réaction pouvait être plutôt violente alors disons que je prenais des pincettes. Mais non, finalement, Valery avait décidé de se montrer calme ce soir. "Ecoute...Je suis sûre que tu en veux un aussi. Tu as juste peur, je te connais. Je veux porter un enfant Loïs, vraiment..." a t elle dit avec un air de chien battue. Si c'était quasiment ça et croyez moi, même si je n'en avais pas voulu, je n'aurais pas été capable de lui dire non, tellement elle était terriblement sexy, à cet instant. Et puis, dans le fond, peut être qu'elle avait raison, peut être que j'en voulais un moi aussi même si cette idée m'effrayait au plus haut point. Je n'ai rien dis pendant plusieurs secondes, de très longues secondes et je lui ai finalement adressé un large sourire, levant les yeux au ciel. Elle a sourit à son tour et m'a littéralement sauté dessus pour m'embrasser. Evidémment, ce jour là, j'étais très loin de me douter que pour ça, elle allait devoir coucher avec un homme, un inconnue que nous avions choisi ensemble. Je détestais cette idée. La simple idée qu'un homme touche le corps de la femme dont j'étais folle me donnait la nausée mais je savais que c'était bien plus simple que de devoir payer des millions que nous n'avions pas forcément. Alors j'ai accepté, sans rien dire et je crois que je ne suis plus en mesure de le regretter aujourd'hui, tellement cet enfant est certainement le plus cadeau que j'ai jamais eu.

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Avril 2011

Je faisais bouger mes mains dans tous les sens, enchaînant les signes comme s'il avait toujours s'agit de ma langue maternelle. Pourtant ce n'était pas le cas. J'avais appris la langue des signes depuis seulement cinq ans. En effet, quand Lysandre a eu trois ans, nous avons découvert qu'il était sourd et qu'il le resterait à vie. Bien entendue, Valery et moi avons été anéantie par cette nouvelle. Tous les parents désirent que leur enfant soit en bonne santé n'est ce pas ?! Je me souviens que je l'ai même reproché à Valery une fois, me disant que si elle n'avait pas été couché avec un mec au hasard, Lysandre ne serait peut être pas sourd. Ce qui était totalement stupide dans le fond. Ce n'était pas du tout génétique. Lysandre était sourd et c'était ainsi. Très vite, nous lui avons donné des cours de langue des signes et très vite nous sommes devenues expertes nous aussi en la matière. Il était tout simplement hors de question que nous ne puissions pas communiquer avec notre fils. On devait tout faire pour l'aider, dans ce monde où la différence est parfois une véritable plaie. Nous ne voulions pas que notre fils souffre du regard des autres, c'est pour cela qu'il nous semblait important qu'il puisse communiquer avec sa propre langue et que nous puissions nous aussi faire partie de ce monde. Assise sur le canapé, à côté de mon fils de huit ans, j'étais en train de lui raconter cette fameuse légende concernant le mois d'avril 1962. Peut être que je n'aurais pas dû raconter cette légende à un enfant de huit ans, surtout pas à vingt deux heures trente mais je n'y avais jamais cru, alors j'imagine que je me disais qu'elle ne risquait pas de l'effrayer. Et puis, il était un gosse de la ville, il devait savoir. Je devais être absorber dans mon discours, pourtant bien silencieux car je n'avais pas entendue la porte d'entrée s'ouvrir ni même Valery rentrer à notre domicile. Soudain, j'ai entendue un léger toussotement. Je me suis alors retrounée vers Valery se trouvant devant la porte du salon et j'ai fais un large sourire. "Hey maman" a signé Lysandre, un sourire sur les lèvres lui aussi. Elle n'a a peine répondu et m'a regardé avec un regard que je connaissais trop bien. Je "vivais" avec cette femme depuis presque quinze ans, je savais reconnaître quand quelque chose n'allait pas. Je me suis adressée à elle, tout en signant. Nous avions pris l'habitude de tout traduire avec nos mains lorsque nous parlions toutes les deux si Lysandre était avec nous dans la pièce. "Qu'est ce qui se passe ?" ais je fais avec beaucoup de mimiques comme à chaque fois que nous utilisons la langue des signes. Elle a poussé un long soupire, avant de répondre elle aussi à voix haute mais également avec ses mains. "Il se passe que tu ne devrais pas raconter cette histoire à un enfant de huit ans ?! Il n'y a rien de drôle là dedans. Et puis, il est 22h30 Loïs sérieusement." Elle a poussé un nouveau soupire et s'est retourné vers Lysandre. "Vas te coucher s'il te plais. Il est tard." Elle s'est dirigée vers la cuisine et je me suis tournée vers mon fils en souriant. "Ta mère est un peu à cran ces derniers temps. Fais ce qu'elle demande s'il te plais. Bonne nuit chéri." ais je dis un sourire les lèvres. Il a sourit à son tour avant de se diriger vers sa chambre. Je suis alors allée rejoindre ma femme dans la cuisine et j'ai commencé à lui parler, tout en signant, ayant presque oublié que Valery entendait très bien et moi aussi. "Tu me fais une scène pourquoi au juste ? Pour la légende ou l'heure ?" ais je dis légèrement en colère. "Lois je te signale que je travaille pour essayer de clore un dossier et quand je rentre à cette heure-ci j'ai l'impression d'avoir tout à gérer." Bon c'est vrai qu'elle n'avait pas tellement tord sur ce point. Depuis toujours, Valery était surtout celle qui gérait les choses concernant Lysandre. Les heures de couchers, de levers, les devoirs etc...Je n'étais pas aussi douée qu'elle pour ce genre de chose et Valery avait de toute manière cette manie de vouloir tout gérer tout le temps. J'ai poussé un soupire, levant les bras au ciel. "Bien sûr que tu gère tout parce que tu ne peux pas faire autrement Valery ! Tu ne peux pas t'empêcher d'être toi là, toujours à t'occuper de tout et de tout le monde. Et tu sais quoi ?! Tu es fatigante d'accord ?! Je te vois presque plus et Lysandre non plus et quand tu es là, tu gueule !" ais je dis sans prononcer le moindre son, tout en signe. Parfois, ça m'arrangeait bien de pas parler, alors elle a sans doute trouvé utile dans faire de même. Elle s'est approchée de moi, avecun regard des plus noirs. "C'est la vision que tu as de moi ? Je travaille, je ne m'amuse pas quand je ne suis pas à la maison, je préfèrerai être ici crois mois. Et si je gère tout comme tu dis c'est certainement parce que tu en es incapable." J'allais répondre quelque chose mais je n'ai pas eu le temps, que Lysandre venait de débarquer dans la cuisine. Il a tapé dans les mains et nous l'avons tous les deux regardé. "Stop ! S'il vous plais ! J'en ai marre que vous vous engueliez c'est tous les jours en ce moment. Même si j'entends pas, je le sais très bien. Et je vous signale que vous parlez alors arrêter la langue des signes. Bref, bonne nuit !" a t il dit de manière plutôt énervée, ses mains bougeaient à une vitesse folle. J'ai soupiré, le regardant partir, me mordant légèrement la lèvre inférieur. Bon il n'avait pas tord, nous n'avions pas besoin de parler en langue des signes. Et il n'avait pas tord concernant les disputes non plus. Ces derniers temps, c'était comme si Valery et moi n'étions plus sur la même longueur d'onde. Je voyais de moins en moins ma femme qui passait son temps au boulot et quand nous nous voyions, c'était pour nous disputer. J'ai soupiré une nouvelle fois, m'approchant légèrement d'elle. "Ecoute... Je suis désolée d'accord mais mets toi à ma place Val. On passe notre temps à se prendre la tête et pour rien en plus. Même notre vie sexuelle en a prit un coup." ais je dis seulement par la voix cette fois. Valery et moi, on se disputait souvent avant aussi, ça faisait partie de notre couple les disputes mais ces derniers temps, c'était vraiment beaucoup trop courant. Je crois que de mon côté, j'étais un peu fautive. J'avais la sensation d'etouffer ces derniers temps, de plus savoir où j'en étais. Peut être que je ne supportais plus la ville ?! Le boulot ?! Je n'en sais rien mais je sais que j'étais aussi très irritable et que je n'aidais sûrement pas Valery qui, dans le fond, souhaitait sans doute travailler moins. Je l'ai regardé dans les yeux. "Je vais me coucher...Bonne nuit." a elle répondu. Super ! On risquait d'avoir une conversation poussé avec une réaction pareille. Pourquoi on en était arrivé là ?! On s'aimait tellement et pourtant on n'arrivait plus du tout à communiquer.

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Janvier 2013

"Est ce que maman sait que tu es là ?" ais je signé dés que j'ai ouvert la porte. Devant moi, Lysandre ! Et que c'était bon de le voir. Il faut dire que ces derniers temps, je ne le voyais plus beaucoup. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne vivais plus avec Valery, je vivais avec mon meilleur ami et très franchement Lysandre mais aussi Valery me manquais. Comment en étions nous arrivées là ?! Et bien tout est de ma faute. Les disputes dans notre couple devenaient fréquentes c'est vrai et nous avions de plus en plus de difficultés à communiquer et je crois que je ne supportais plus tout cela. C'est d'ailleurs sans doute ce qui m'a poussé dans les bras de la jeune stagiaire du commissariat. La plus grosse erreur de ma vie sans aucun doute. En quinze ans, je n'avais trompé Valery, ni même songé à le faire mais voilà, j'avais fais une erreur et j'étais en train de le payer le prix cher. Déjà parce que je ne vivais plus avec la femme de ma vie qui me détestait et je ne voyais même plus mon fils. Sans doute un moyen de se venger du mal que je lui avais fais. Lysandre est entré à l'intérieur de l'appartement, il avait l'air plutôt furieux. "Je m'en fiche de ce qu'elle pense. Elle n'a pas le droit de m'interdire de te voir.. Je la déteste." J'ai poussé un long soupire, avant de me mettre accroupi devant lui, le regardant droit dans les yeux. "Ne dis pas ça. Ce n'est pas vrai en plus. Ecoute, ce n'est pas de sa faute. Elle est juste en colère, j'ai fais une bêtise tu sais...Elle va changer d'avis pour nous deux, ne t'en fais pas. Je la connais très bien." ais je signé un sourire aux lèvres alors qu'en réalité, j'avais envie de m'effondrer. Pourquoi ?! Tout simplement parce que je venais de dire était vrai. C'était de ma faute et je connaissais Valery, elle n'était pas comme ses parents, elle finirai par me laisser voir Lysandre, je ne m'inquiètais pas réellement de ça. C'était une très bonne mère, voir presque plus que moi, elle voulait le bonheur de notre enfant. "Qu'est ce que tu as fais ?! Maman ne veut rien me dire. Elle dit que ceux sont des histoires d'adultes ?!" a t il signé en colère là encore. J'ai souri légèrement, finalement soulagée que mon fils ne sache pas comment j'avais fais du mal à sa mère. Il m'aurait sans doute détesté sinon. "Je lui ai fais du mal Lysandre...Je m'en veux mais je ne suis pas sûre qu'elle pourra me pardonner." Il a soupiré avant de se diriger vers le frigo. Il a sortit une canette de coca et s'est de nouveau retourné vers moi. "Dis moi ! Je veux savoir !" J'ai fais un hochement de tête négatif. Je ne pouvais pas dire ça à mon fils. C'était sans doute très lâche de ma part finalement. "Est ce que tu l'aime encore ?!" J'ai souri tendrement. Oh bien sûr que je l'aimais encore. Valery était la femme de ma vie et je ne pouvais même pas imaginer continuer à être loin d'elle comme ça. Seulement elle m'avait surprise dans les bras d'une autre femme, j'imaginais tellement sa colère. J'aurais été pareille à sa place. Dire qu'elle m'a poussé à la tromper serait tout simplement égoiste de ma part. Je n'avais pas faire à ça, peu importe les soucis que rencontraient notre couple. "Bien sûr ! Je l'aimerai toujours tu sais." Il s'est levé d'un bond, se dirigeant vers la porte d'entrée. "Alors dis lui. Je suis sûre qu'elle t'aime encore aussi. Si tu as fais un truc de mal, demande lui pardon et voilà. Je ne veux pas choisir entre vous deux." Je me suis dirigée vers lui et je l'ai pris dans mes bras pour le serrer contre moi. Comme ça faisait du bien de le toucher, il me manquait terriblement et il me rappelait tellement Valery à cet instant précis, avec cette même force de caractère. "Tu n'as pas à choisir. Tout va s'arranger tu verras." Je n'y croyais pas. Je savais que c'était définitivement fichue mais je savais aussi que Valery et moi, allions finir par trouver quelque chose de meilleur pour Lysandre, pour qu'il ne souffre pas. Il a toujours été notre plus grand but en commun.

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