› AGE : 28 Y.o › COTE CŒUR : Broken heart › JOB/ETUDES : Libraire au Bookshop
Sujet: Cause I've built my life around you # Jolynn Lun 18 Mar - 20:46
∞ You led me here, then I watched you disappear. You left this emptiness inside and I can't turn back time...
Cause I've built my life around you ♡
Que peut-il y avoir de pire que la peur, la véritable peur ? Celle qui vous fait complètement dérailler et vous pousse dans vos derniers retranchements, qui vous fait dresser lentement les cheveux sur la nuque ? Peut-être bien ne plus savoir qui l'on est réellement à force de s'être perdu en chemin, à force de tentative de destruction de son propre cœur. Une destruction massive, qui ne lui avait pas laissé la moindre petite chance de survie. Pourtant il était toujours debout, comment, il n'en avait pas la moindre idée. Mais il était toujours là. Mort parmi les vivants. Feintant la normalité profonde. Feintant sur sa vie qu'il décrivait comme morne au lieu de mouvementée. Feindre, un art dans lequel il excellait à présent, car la distance n'était pas encore suffisante pour lui faire oublier tout un pan de son passé. Pourtant il avait essayé tellement fort de passer à autre chose, pensant que l'issue ne pourrait qu'en être meilleure, mais force était de croire qu'il s'était trompé une fois de plus sur toute la ligne. Quoi qu'il fasse, quoiqu'il désire, tout le ramenait inexorablement quelques mois en arrière.
-Flashback- Detroit, 09/03/12, 04:40
Une fin de soirée bien arrosée, une soirée comme il y en avait tant dans cette ville. Ethan choisit de repartir avec sa voiture, en promettant à ses amis de rouler prudemment. Alors qu'il regagnait sa voiture, située en contrebas de la maison de la rue, il remarqua avec agacement que l'un des pneus de sa vieille poubelle sur roues était crevé. Dans un juron non contenu il allait faire demi-tour, lorsqu'un inconnu l'aborda. « Un problème monsieur ? »
Le jeune homme avait fait volte face, et se trouva face à face avec un homme d'une trentaine d'années. Visiblement surpris de sa réaction il s'empressa de reculer en s'excusant. Il semblait presque aussi troublé que lui et Ethan lui fit signe que ce n'était pas grave. « On dirait que vous avez un problème. » dit-il en désignant le pneu crevé. « Oui, mais ça ira, j'habite tout près d'ici. » « Vous voulez que je vous dépose ? Je suis garé juste là ! » Il lui montra un gros pick-up stationné quelques mètres plus haut. Le regard de l'inconnu était fuyant, il ne fixait pas Ethan, observant tout autour de lui, sans se poser un seul instant. Le brunet le dévisagea quelques secondes avant de répondre un peu mal à l'aise : « Oh non, c'est gentil mais je n'en ai que pour cinq minutes. »
« Je vous assure que ça ne me dérange pas » insista-t-il en souriant. Derrière ce sourire, il pressentait qu'il y avait autre chose, d'indiscernable. Ses yeux, ses yeux ne reflètent pas ce qu'il montre sur son visage pensa-t-il. En effet, une lueur froide scintillait dans son regard. « Alors ? » pressa-t-il. « Je vais marcher, ça va me faire du bien, merci tout de même. Bonsoir ! » L'éducateur commença à s'éloigner et l'entendit agiter dans son dos un récipient plein de liquide, comme une bouteille que l'on secoue. Avant qu'il n'ait le temps de comprendre ce qui se passait, un nuage de coton s'abattit sur son visage. Des flammes nébuleuses jaillirent dans sa gorge. Ethan tenta de se débattre mais une pression trop forte le maintenait. Son esprit se perdait dans un torrent d'images incompréhensibles. Le noir tomba en quelques secondes.
-Fin du flashback-
Un regard, ce n'est presque rien. A priori sans conséquence, du moins en apparence, pas vraiment de signification. Et pourtant cela continuait de le sidérer. L'existence d'un être peut être bouleversée en un instant par quelque chose d'aussi volubile. Il en avait croisé des centaines, des milliers, mais jamais encore l'un de ces regards ne l'avait glacé sur place de la manière dont celui de son agresseur avait pu le faire. S'il avait été plus vigilant, ou s'il avait écouté son instinct plutôt, peut-être que tout serait différent aujourd'hui. Peut-être qu'il mènerait encore la vie qu'il avait toujours voulu mener, aux côtés de Jolynn. Ce regard, celui de Myles avait tout changé, irrévocablement et continuait à distiller chaque jour en lui son poison, celui de la peur. Dès qu'un craquement retentissait dans son logement, il était persuadé qu'il était là, dès qu'un coup de klaxon retentissait dans la rue, son cœur s'emballait, dès qu'on le bousculait, il entrait dans une attitude de défense. D'ailleurs, depuis quelques jours cette peur panique s'était accentuée, au point d'en devenir presque insoutenable. Ethan se sentait observé dans ses moindres faits et gestes. Tant bien que mal et plutôt mal que bien, il avait tenté de se persuader que tout ça n'était qu'un stupide tour que lui jouait son cerveau, quelque chose se rapprochant sans doute d'un syndrome post-traumatique. Pourtant, il avait eu beau faire, se raisonner, s'occuper l'esprit... dès qu'il pointait le bout de son nez dehors, il avait l'impression qu'on l'épiait et qu'on le suivait. Assis sur le lit de la chambre du motel qu'il louait, il en vint à se dire que tout ceci ne rimait à rien. Intérieurement, il se moqua de lui-même. Qui en aurait après sa vie maintenant que son agresseur n'était plus ? Ses disciples ? Cela n'avait aucun sens. Il n'avait été rien de plus qu'un pion, un pantin pour atteindre Jolynn et lui faire mal, voilà tout ce qu'il avait été. Maintenant qu'il n'était plus dans son sillon, il n'y avait plus a priori de raison pour que quelqu'un veuille attenter à ses jours. C'est du moins ce dont il tenta une fois de plus de se persuader, à grand renfort de phrases bidon, tout en vissant son chapeau en feutre, de couleur noir, sur sa tête.
Passer incognito, donner un faux nom à la réception, Ethan avait l'impression d'évoluer dans un mauvais film de gangsters, où le héros de son plus beau costume vêtu, se fait canarder à peine a-t-il franchi le seuil de sa demeure. Mais il n'était pas dans un film, cela ne se passerait pas comme ça, du moins pas cette fois-ci. Il en avait terminé avec les scènes de torture mentale et psychologique. Retour à la réalité mon pote ! Plein de bonnes intentions, dont celle de se reprendre un peu main, le libraire sortit de sa chambre et ferma la porte de cette dernière à clef. Du moins c'est ce qu'il tenta de faire, jusqu'à ce que la clef ne se casse dans la serrure et qu'un bout ne lui reste en main. « Pu... Non ! Saloperie ! ». Secouant la porte comme un prunier, force était de constaté que celle-ci était fermée et ne risquait plus de s'ouvrir sans l'aide d'un serrurier. Un signe annonciateur d'une bonne journée... Fulminant contre lui-même et la vétusté des lieux, Ethan traversa la cour et se dirigea jusqu'à la réception. Poussant un profond soupir en même temps qu'il franchissait l'entrée, il se dirigea jusqu'au comptoir, tête baissée, son chapeau toujours ancré sur le haut de son crâne. D'un geste nerveux, il appuya sur la sonnette se trouvant juste sous son nez. Il imaginait déjà le discours qu'il allait devoir tenir. Ma clef a rencontré un léger incident, elle s'est faite manger par la serrure, ou bien elle a fondu... quel abruti. Perdu dans ses pensées et pianotant sur le bois du comptoir, il n'entendit pas tout de suite les pas sur le sol de la réception. Le bruit perça la barrière de son esprit au bout de quelques instants. Sans prendre la peine de relever la tête, il s'éclaircit la gorge, avant de lâcher d'une traite. « Bonjour ! M. Machado de la chambre 3... je viens de casser ma clef dans la serrure, je voulais juste vous le signaler ! » Finalement ce n'était pas si compliqué que ça, juste quelques mots et puis le tour était joué. Devait-il à présent faire volte-face et sortir au plus vite, avant de recevoir les foudres de la réceptionniste ou bien devait-il attendre bien sagement qu'une action soit entreprise pour la pauvre porte ? Dans le doute, il releva la tête. Son cœur manqua de se décrocher de sa poitrine. Tachycardie aussi brève que fulgurante et lancinante. Il s'appuya au montant du comptoir pour ne pas tomber en arrière. Ethan su à l'instant ce qu'avait pu ressentir son ex-fiancée en le voyant devant ce centre d'appel à Detroit, pas loin d'une année plus tôt. Les mots, tout comme l'air lui manquèrent cruellement. La syncope n'était certainement plus très loin. Pourvu qu'elle arrive vite, ou pourvu que la foudre le frappe ou bien que le plafond se décroche et ne lui tombe sur la tête.
Trop choqué pour pouvoir parler, ses lèvres s'entrouvrirent, puis se refermèrent. Que faisait-elle ici même, à près d'un millier de kilomètre de Detroit ? Une valse de questions s'entrechoquèrent dans son esprit déjà mis à mal par la vue de cette tête blonde, faisant remonter tout un tas de souvenirs plus ardents les uns que les autres. Un vent souffla sur les braises de ses sentiments, tandis qu'il arrivait plus ou moins à sortir de sa torpeur, assez pour jeter quelques mots, sans grande chaleur. « Andy ? Qu'est-ce que tu fais ici ? » Il lui avait promis de ne pas changer de trottoir ou bien de ne pas faire comme s'il ne la connaissait pas, si jamais ils étaient amenés à se croiser de nouveau. Pourquoi faire une telle promesse ? Pour s'assurer d'une nouvelle mort certaine ? Peut-être bien. Arriverait-il à survivre à ces quelques secondes qui s'étiraient déjà l'infini, alors qu'il se perdait dans les eaux dangereuses du regard bleuté de Jolynn ? Rien n'était moins sûr. Un regard à nouveau, qui allait changer encore beaucoup de choses, qu'il le veuille ou non...
Invité
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Sujet: Re: Cause I've built my life around you # Jolynn Sam 23 Mar - 1:13
Cause I've built my life around you.
On disait que la fatalité arrivait toujours à se frayer un chemin. Un mince passage qui laissait des traces indélébiles dans votre subconscient. La fatalité et ses revers. La médaille s'était effectivement retournée et la situation avait fini par être hors de contrôle et Jolynn se savait fautive. De A à Z. Et il n'y avait rien qu'elle puisse faire pour changer les choses, pour se faire pardonner. Sinon disparaître. Enfin accomplir le voeu de tous les gens qu'elle avait blessées en s'insinuant dans leurs vies. Jolynn en avait fait trop. L'élément déclencheur avait anéanti son innocence, ce caractère si gracieux, sa chance d'avoir une vie rêvée. Ce n'était plus que des cendres. Depuis bien longtemps. Kellers avait choisi la vengeance, le chemin le plus tortueux, le plus sadique et qui laissait le plus de traces sur un individu qui avait autrefois des valeurs morales. Ce n'était plus le coup. Il n'y avait plus une once de bien en Jolynn. C'est ce dont la jeune femme était persuadée aujourd'hui. Qu'elle était capable du pire. Et c'est tout ce qu'elle voyait en fermant les yeux. Le regard agonisant de Kyle. Celui de Myles. Et de tous les autres. Elle avait envie de rire en l'imaginant. Qu'était-elle devenue? L'anti elle même. Tout simplement. Elle voulait tout arrêter. Sortir de cette spirale infernale. Arrêter de mourir inlassablement. Se laisser aller vers la facilité du gouffre, cette tentation enivrante qui l'avait appelé maintes fois ces derniers mois. Aujourd'hui, Jolynn n'avait plus rien. Rien sauf sa solitude. Dans ce motel pourri de Southington. Elle ne savait franchement pas ce qu'elle faisait ici, elle qui était destinée à une grande carrière. Le goût de l'échec était froid, glissant et rempli d'amertume. Mais Jolynn le laissa de côté. Comme toujours ces derniers temps.
A la place de ruminer ses heures sombres, la jeune blonde s'occupa de nettoyer son comptoir. Décidément, il y avait une masse de ménage dans cette bicoque absurde. Elle arrivait encore à sourire. Fait intéressant. Jolynn changeait. Elle devenait plus enfantine, elle chassait sa vie d'adultes et tous les déboires qui allaient en complément. Un mal pour un bien? Pas certain... Elle savait qu'elle dérapait. Que son chemin était bien décalé de celui qu'elle prenait. Mais le demi tour n'était pas une option à l'heure actuelle. Pendant quelques secondes, la réceptionniste repensa à Ethan. C'était constant évidemment mais elle prenait sa mission particulièrement à coeur et dès qu'elle serait libérée de ses tâches ingrates de la journée, elle partirait à sa recherche, dans l'espoir de voir apparaître un sourire sur ce visage de perfection. Il semblait loin du bonheur et de la plénitude. Mais qui pouvait lui en vouloir après ce qu'il avait vécu par sa faute? Jolynn ne pourrait jamais se le pardonner et de toute manière, elle s'y refusait. Vivre une vie entière de malheurs, c'était bien ce qui lui fallait pour compenser le mal qu'on avait fait à Ethan parce qu'elle existait. Enfin, il était finalement libéré de son joug et c'était tout ce qui comptait pour l'ex tueuse à gages.
Le silence pesant de la réception. Comme tous les jours de semaine d'ailleurs. Mais Jolynn n'échangerait cette tranquillité pour rien au monde. Aujourd'hui, c'était son équilibre, bien loin des armes à feu et autres objets de torture qu'elle ne pouvait même plus voir en photographie. Un sourire aux lèvres. L'art de feindre. mais elle vivait. Elle avait définitivement séparé Jolynn, la tueuse de Detroit de la nouvelle blonde. Bien sous tous rapports et surtout sans histoire. Oui, au fond, elle choisissait d'adopter une méthode de schizophrénie pour ne pas finir internée. Puisque tout était trop douloureux. Qu'elle ne pouvait pas l'affronter. Le poids de la culpabilité. Du remords. De cet amour perdu à jamais. Au moins, Jolynn avait ressenti bon nombre de sensations lors de son ancienne vie. Tous ces moments avaient été réels et elle les chérirait à jamais. Dans sa nouvelle carapace. Perdue dans ses pensées, Jolynn mit quelques secondes à entendre les bruits de pas derrière elle. Puis la sonnette du comptoir. Le visiteur l'avait remarqué et commença à lui conter son problème. Tous les mêmes ces touristes. Des incapables. C'était si dur que cela de mettre une clé dans une serrure et de tourner le verrou sans provoquer un tsunami à l'autre bout de la planète? A croire qu'on en demandait trop dans cette ville. Jolynn respira un grand coup, son balai continuant de martyriser le sol derrière le comptoir avant de prendre la parole à son tour pour ce cher M. Machado. "Je suppose que je n'ai plus qu'à appeler le serrurier. Merci pour votre esprit aventureux M. Machado, c'est très apprécié. N'hésitez pas à repasser quand vous voulez pour nous conter vos frasques en tous genres." Jolynn avait envie de rire. Sans savoir pourquoi. Au fond, la situation avait un air de comédie. Plus rien n'avait d'importance de toute manière alors pourquoi ne pas en rire désormais?
Elle ne releva encore pas le regard et s'enticha de changer l'ampoule défectueuse depuis déjà trois bons jours. Pourquoi maintenant? Elle n'en avait aucune idée. Mais elle estimait que c'était une affaire d'une importance capitale. Enfin, c'est ce qu'elle aurait voulu faire avant d'entendre son second prénom. Fait rare. Non, unique plutôt. Une seule personne l'appelait ainsi. Non, ce n'était pas possible. Cela ne pouvait pas être... Ethan. Lorsque ses yeux se relevèrent et croisèrent ceux de son ex fiancé, son monde de tranquillité et de paix s'écroula en un instant. Il était là, face à elle, aussi bouche bée qu'elle. Et un courant électrique traversa la jeune Kellers, comme toujours. Mais elle ne sourit pas, ne cilla pas. Et se contenta de reposer l'ampoule sur le comptoir avant de reprendre le bout de tissu qui lui servait de linge pour nettoyer le comptoir. Trouver une occupation. Lâcher son regard inquisiteur et ô combien attirant. Jolynn replaça une mèche de cheveux derrière son oreille, ses mains tremblotantes. Ce qu'elle faisait ici? Elle jouait aux dominos, c'était évident Ethan Sanders. Au moins, il n'avait pas perdu son don caractéristique de la perspicacité. Elle s'arrêta dans sa tâche une nouvelle fois, tentant de le regarder sans partir en courant. "Ce que je fais? Et bien je travaille figure toi. Qu’est ce que tu crois que je fais? Que je me la coule douce aux Caraïbes avec mon association de fans de hip hop? Tu savais que les prix de l'immobilier avaient augmenté de cinq pour cent rien que ce trimestre? Faut bien que je paye mon loyer, je roule pas sur l'or contrairement à ce que tu pourrais penser." En effet, elle ne répondait pas vraiment à la question. Mais était-elle assez folle pour lui avouer qu'elle arborait ses lunettes d'espionne et passait son temps à épier ses moindres faits et gestes pour vérifier que tous les psychopathes restaient en dehors de son espace vital? Certainement pas. Alors, elle se contenta d'un large sourire en espérant qu'Ethan ne soit pas pris par une crise de colère qui la tuerait au fond d'elle même. En priant qu'elle survivrait à cette entrevue. Qu'elle soit la plus courte possible pour s'échapper à son regard électrisant. Et son sourire angélique. S'il pointait le bout de son nez, évidemment.