« Comment tu te sens mon cœur ? » Romy sursauta, les nerfs à vif, mais tenta tout de même de sourire à son père.
« Un peu nerveuse... » sous le rire de son paternel et le regard tendre qu'il lui lança, l'angoisse de la jeune femme se fit moins fort. Dans quelques heures, elle allait devoir faire un discours devant tout le lycée : devant ses camarades, ceux qui avaient été durant plusieurs années ses professeurs, mais aussi devant les familles et proches présents des étudiants. Cependant, l'avis qui comptait le plus au yeux de la jeune femme, s'était ce que son paternel allait penser d'elle, lui qui était son mentor, son meilleur ami, mais aussi la personne pour qui elle avait le plus d'admiration ! Et puis, même si elle ne le disait pas à voix haute, la jeune femme aurait voulue que Callie soi présente, pour cette importante journée... Comme si son père lisait dans ses pensées, il la prit par les épaules et la fit s’asseoir sur le bord du lit et lui entoura les épaules d'un bras protecteur.
« Je sais que Callie te manque et que tu aurais aimé qu'elle soi présente... Mais, sache qu'elle reste toujours présente avec toi... » « Dans mon cœur et mon esprit, je sais papa ! » elle avait été plus amer qu'elle ne l'aurait voulue, mais cette belle petite phrase que son père lui répétait ne prenait plus vraiment, maintenant qu'elle entrait dans le monde adulte. En restant avec leur mère, Romy ne savait pas quelle vie sa sœur pouvait bien mener ! Quand elle avait apprit que sa sœur ne venait pas avec son père et elle, la jeune Romy avait crut défaillir ! Elle perdait non seulement sa sœur jumelle, sa meilleure amie et sa confidente, mais elle avait aussi peur de perdre la jeune femme pleine de vie et avec un bel avenir devant elle... Parce que son père avait eu beau plaider en sa faveur, tenter d'amadouer le juge, rien n'y avait fait : une des filles chez le père, l'autre chez la mère. Cependant, ce fut leur génitrice qui rompit tout contact avec leur père et par conséquent, entre les deux sœurs, ce qui rendit Romy folle de rage. Elle comptait bien renouer contact avec sa moitié, une fois son diplôme en poche et elle savait que son père ne demandait qu'une chose : revoir sa second fille.
« Tout ira bien mon cœur, ne t'inquiètes pas ! Tu te rappelles ce que je t'ai dis ? » « Bien sûre : un Roseburry peut tout réussir, tout entreprendre. Rien ne résiste à un Roseburry ! » « Exactement ! Donc, tu vas finir de t'apprêter et tu vas aller en mettre pleins la vue à tout ces gens. Tu vas aller leur montrer que le monde t’appartiens ! » et après l'avoir embrassé sur le front, le père Roseburry fit un clin d'œil à sa fille, avant de refermer la porte derrière lui en quittant la chambre.
La soirée organisée par la
« Central Connecticut State University » -où la jeune femme étudiait depuis maintenant deux ans- aurait dû se passer sans histoire. La soirée avait été organisée pour fêter la victoire de l'équipe de softball, qui avait remporté le concours international et revenait avec la médaille d'or, ce qui valait sans aucun doute, une belle fête en leur honneur ! Depuis qu'elle était arrivée sur le campus, la jeune Roseburry n'avait eu aucune aventure sentimentale, ne sortant presque jamais, se concentrant sur ses études et sur ses cours de volley, qu'elle pratiquait depuis un an maintenant. Ce fut Lilly, sa meilleure amie depuis quatre ans maintenant, qui la convaincu de sortir ce soir-là.
« Je te promets que tu ne le regretteras pas ! » « Lilly... Tu sais bien que les fêtes, ce n'est vraiment pas mon truc... » « Je sais ! Mais la première session d'examens est passée, tu as réussi haut la main, donc tu peux bien venir pour te changer un peu les idées. Puis, n'oublies pas que tu me dois un service ! » râlant dans sa barbe, Romy céda à contre cœur, sous le regard satisfait et le sourire fière de sa meilleure amie. Les deux jeunes étaient radicalement différentes, dans tous les sens du terme : Romy avait quitté l'Arizona pour le Connecticut, alors que Lilly avait quittée l'Ohio. La brune était intellectuelle, bien que sociable, elle préférait faire passer ses études avant tout le reste, alors que la blondinette aimait croquer la vie à pleine dents, faisant passer les études au second plan. La première faisait des études en criminologie et droit pénal, alors que la seconde avait obtenu une bourse en sport et ne se voyait pas dans les hauts sphères de la justice Américaine. Romy avait des parents divorcés, mais un père aimant et une jumelle derrière les barreaux, alors que Lilly avait perdu sa mère lorsque celle-ci lui avait donné naissance, elle avait quatre demi-frères et sœurs, détestait sa belle-mère et était en conflit avec son paternel, la brune venait d'un milieux aisé, alors que la blonde était pleine aux as ! Bref, tout semblait les séparer et pourtant, ces deux-là étaient liées comme les doigts d'une main. Elles se soutenaient, s'écoutaient, s'aidaient... et tentait de faire le meilleur pour l'autre.
Une heure plus tard, les deux jeunes femmes étaient arrivées à bon port. Il était dans les environs des vingt-trois heures et la fête battait déjà son plein. Même si elle ne sortait pas beaucoup, la jeune Roseburry avait réussi à se faire un sacré cercle de connaissances dans l'enceinte de l'établissement, sachant que ça jouerait en sa faveur, le moment venu. Et puis, l’Université, s'était aussi fait pour ça ! Après avoir discuté avec quelques personnes suivant les mêmes cours qu'elle, Romy croisa le chemin de Lilly, qui avait jeté son dévolu sur un beau blond aux airs de surfeur, avec un genre bien trop sûre de lui pour plaire à la jeune Roseburry.
« Il me semblait que je n'allais pas le regretter... Là, j'ai l'impression que c'est toi qui t'amuses ! » même si ça remarque était à double sens, Romy ne put s'empêcher de sourire à son amie, mais lança un regard dédaigneux au jeune homme qui attendait à quelques pas d'ici.
« Justement ! Voilà la personne que je voulais te présenter ! » et dans un regard malicieux, Lilly appela un jeune homme que Romy ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, mais qui la fit instantanément fondre. Il était magnifique : grand, musclé, avec un regard ténébreux comme Romy n'en avait jamais vu et de superbe cheveux foncés, en batailles, comme s'il se passait constamment la main dedans... Oui, Romy Roseburry crut fondre et elle comprit ce que s'était, qu'avoir le coup de foudre !
« Aaron, je te présente Romy, ma meilleure amie. Romy, je te présente Aaron... mon cousin. » et dans un clin d'œil, elle les planta tout les deux là, sans un mot de plus, sans un regard en arrière. Le moins que l'on puisse dire, s'était que la jeune fille était assez mal à l'aise, ne sachant que dire à cet Apollon qui semblait tout droit tomber du ciel !
« Tu es encore plus belle que sur les photos ! » et là, Romy se fit la promesse de massacrer sa meilleure amie, dès qu'elle en aurait l'occasion !
Aaron et Romy ne s'étaient plus revu, depuis la fameuse soirée où Lilly les avait fait se rencontrer, ce qui ne plaisait guère à la jolie blonde. Elle avait misé tout ses espoirs sur sa meilleure amie et son cousin, mais Romy était décidé à ne pas perdre de vue son but : obtenir son bac de droit et son master en criminologie !
« Bordel, mais Romy ! Un copain ne te détournera pas de tes objectifs ! » « Ah non ? Tu sais le nombre de couples qui se rencontrent aussi jeune et qui ont plein d'amertume les uns envers les autres, justement parce qu'à un moment donné ils ont dû faire des concessions ? Ou alors, l'homme qui est tellement macho qu'il vit mal le fait que sa femme ait un meilleur poste que lui ? Je n'ai que vingt ans Lilly, j'ai tout le temps qu'il faut pour trouver l'homme avec qui je passerais ma vie... une fois que j'aurais mon diplôme, ma maîtrise et un poste qui me conviendra. » « Tu vas finir vieille fille ouais... » et sans un mot de plus, elle décida de bouder la jeune Roseburry et quitta la chambre étudiante qu'elles se partageaient.
Le soir même, alors qu'elle venait de quitter son entraînement de volley, alors qu'elle était sur le chemin pour rentrer chez elle, Romy entendit une voiture ralentir à quelques mètres d'elle... se remémorant quelques films qu'elle avait vue, ainsi que les émissions sur les types qui attrapaient de jeunes étudiantes sur les campus, pour les violer et les tuer, elle prit la petite pompe à poivre que son père lui envoyait chaque année « au cas où... » comme il le disait si bien. Au moment-même, elle le remercia mentalement, alors qu'elle l'attrapait dans une main et accélérait le pas.
« Romy ? » elle se stoppa net, n'en croyant pas ses oreilles. Elle se retourna lentement et se retrouva face au fameux Aaron, tout sourire, qui se penchait du côté de la vitre passager.
« Je te ramène ? » Une fois dans la voiture, après avoir bouclée sa ceinture et rangée sa pompe à poivre dans son sac -sous le regard amusé du jeune homme- Romy se détendit nettement.
« Comment tu as su où j'étais ? » bête question ! Elle savait exactement comment Aaron avait su qu'elle était là.
« Lilly m'a dit que tu avais besoin de quelqu'un pour venir te rechercher... Mais, vu ta réaction et ton air surpris, j'en déduis que tu n'as jamais rien demandé ! Et que tu n'étais même pas au courant que j'étais là... » « En effet, je n'étais pas au courant... » et souriant au jeune homme, elle complète sa phrase dans un petit sourire
« …mais je suis contente que tu sois venue me chercher ! En tout cas, je préfère que ça soi toi, plutôt qu'un pervers qui m'aurait violée et peut-être même tuée, avant de m'abandonner dans les sous-bois... » « Qui te dis que ce n'est pas dans mes intentions ? » et voyant la main de la jeune étudiante retourner vers son sac, il ne put s'empêcher de rire, avant de lui dire, d'un ton bourru
« C'est du sarcasme ma jolie ! Je ne suis pas du tout comme ça et, honnêtement, tu devrais moins regarder les émissions criminelles ! » alors qu'il riait de bon cœur, Romy se vexa et se mura dans un silence de quelques secondes, avant d'être de nouveau piquée par la curiosité.
« Qu'est-ce que Lilly t'a dit, à propos de moi ? » Aaron quitta quelques secondes la route du regard, pour le porter sur la jeune femme et eu un sourire tendre au coin des lèvres, ce qui surprit assez bien Romy. Ils se connaissaient depuis peu de temps, ce n'était que leur deuxième rencontre et pourtant, il l'attirait, l'intriguait aussi... et elle savait que s'était réciproque !
« Elle m'a dit que tu étais étudiante en droit pénal et criminologie. Je dois dire que j'adore les intellectuelles, mais elle m'a aussi dit que tu étais sportive, que tu étais une personne attachante, authentique et sincère... Une perle rare, dans ce monde où toutes les filles ne se respectent plus... » et, continuant de fixer la route du regard, son sourire s'étendit un peu plus sur ses lèvres. Quand ils furent arrivés devant le dortoir de la jeune femme, Romy sut que les propos qu'elle avait tenue à Lilly quelques heures plus tôt n'aurait plus lieu.
Après tout, quand on rencontre l'amour, le véritable amour, on ne le quitte plus ! N'est-ce pas ? Le jour que Romy attendait avec tant d'impatience était enfin arrivé ! Depuis des mois, elle allait voir une fois par semaine Callie en prison, lorsque celle-ci pouvait recevoir des visites. À chaque fois qu'elle ressortait du pénitencier, le cœur de la jeune femme se serrait un peu plus, détestant toujours un peu plus sa mère qui était, indirectement, liée à cette situation et s'en voulant de ne pas avoir fait quelque chose pour qu'elle vienne avec son père et elle. Cependant, avoir des regrets ne servait à rien ! Et la jeune femme ferait en sorte que sa sœur rentre chez eux, une fois sortie de prison. Elle allait quitter son logement sur le campus, pour rentrer chez son père et ainsi être au côté de sa jumelle, bien qu'elle continue, en parallèle, ses études. Elle avait besoin de passer du temps avec Callie. Quelques jours plus tôt, Romy avait annoncée à sa sœur qu'elle allait rentrer chez '
elle', donc avec Romy et leur père. Que maintenant, leur maison serait aussi la sienne... Cependant, lorsque Callie lui demanda si elle avait des nouvelles de leur mère, la jeune femme perdit de son entrain et son sourire.
« Non, je suis désolée... » en fait, depuis que Callie avait été enfermée derrière les barreaux, leur mère avait disparue de la surface de la terre ! Impossible de mettre la main sur elle ou de savoir où elle avait déguerpit. Et honnêtement ? Ce n'était pas plus mal ! Callie allait enfin être heureuse et avoir une vie digne de ce nom, chez le père Roseburry, entouré d'un parent aimant et surtout, avec Romy pour la soutenir.
Ils étaient devant le pénitencier, une demi-heure avant la sortie de Callie. Romy avait été tellement angoissée d'arriver en retard et que sa sœur se sente abandonner, que son père avait prit la voiture et démarrer assez tôt pour calmer sa fille. Ils étaient donc entrain d'attendre, musique en fond sonore pour masquer le bruit que faisait le pied de Romy, tapant impulsivement le sol de la voiture.
Quelques minutes plus tard, un bruit annonçant l'ouverture des portes, firent cesser le claquement répétitif du pied de la jeune femme. Romy s'immobilisa et fixa l'endroit, retenant son souffle. Quand elle vit le visage de sa sœur, elle sorti de la voiture, s'approchant doucement d'elle. Callie avait maigrit, même si Romy la voyait toutes les semaines. Mais elle était superbe ! Les filles Roseburry étaient de fausses jumelles, cependant, elles se ressemblaient étrangement. Le teint halé, les yeux bruns, les cheveux de la même couleurs, des traits fins et une silhouette fine et légèrement sportive... Quelques centimètres devaient variés entre elles, mais ça devait être la seule différence, même si Romy savait que son nez était plus fin, possédant le même que leur mère, alors que Callie avait plus les traits de leur père.
« Je suis tellement heureuse de te voir en dehors du parloir ! » et prenant Callie dans ses bras, Romy se sentit enfin entière.
« Tu verras, tout va bien se passer maintenant ! On va tout faire pour que ce soi le cas, d'accord ? » et lui souriant de toute ses dents, elle l'embrassa sur les deux joues, avant de lui prendre la main et de l'emmener vers la voiture, où leur père attendait, appuyé contre la portière conducteur, une vive émotion sur le visage à l'idée d'avoir, enfin, ses deux filles auprès de lui !