NOM : rosewood. PRÉNOM(S) : emma, lussy. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : dix-huit novembre, southington. ÂGE : vingt-six ans. ORIGINES : anglaises, israéliennes de par sa mère. STATUT CIVIL : récemment célibataire, amoureuse d'un autre. ORIENTATION SEXUELLE : hétérosexuelle. PROFESSION/ETUDES : illustratrice, coloriste, en ce moment character designer pour une grosse boîte de production de jeux vidéos. GROUPE : back to the past.

~ comment as-tu découvert la légende de l'avenue Stanley Hall ? les parents, les copines de lycée... tout le monde en parle à Southington, c'était assez difficile de passer à côté, vous ne croyez pas ? c'était une histoire qui revenait assez souvent pendant les soirées pyjama qu'elle a passées avec ses meilleures amies, pendant son adolescence... et qui revient souvent encore aujourd'hui, même alors qu'elle est adulte, posée, avec un boulot et tout le toutim - comme quoi, tout finit par revenir, et puis c'est un peu l'histoire la plus célèbre du coin. ~ penses-tu que cet événement est réellement eu lieu ? les seuls qui pourraient répondre avec certitude sont ceux qui ont habité dans stanley hall il y a cinquante ans et plus ! elle n'ira pas jusqu'à dire que tout s'est passé exactement comme dans ce qu'elle a entendu, surtout que l'histoire a forcément été extrapolée sur pas mal de points - elle a notamment entendu le nombre de victimes changer de douze à trente ou même cinquante-sept... - mais il y a forcément anguille sous roche. une telle histoire vient bien de quelque part, et pas uniquement d'une bande d'adolescents en mal de sensations fortes ! ~ quelle est la légende urbaine qui t'effraye le plus ? très sûrement la légende de bloody mary... c'est une histoire qui l'a toujours terrorisée et qui continue de la terroriser encore aujourd'hui, surtout depuis l'année de ses seize ans où une de ses amies a cru bon d'essayer d'invoquer la créature ! depuis, parano et naïve comme elle est, elle prend garde à ne jamais rester dans le noir quand il y a un miroir à proximité, tellement qu'elle a préféré ne pas en installer dans sa chambre, des fois que l'esprit sanglant ne se manifeste pendant son sommeil pour l'égorger...

When the days are cold and the cards all fold and the saints we see are all made of gold. When your dreams all fail and the ones we hail are the worst of all and the blood's run stale. Emma caressa doucement la tête du bébé d'un an qui babillait joyeusement dans ses bras, les mains occupées à tripoter la bretelle du débardeur de sa mère. Son petit ami, avec qui elle vivait depuis presque quatre mois, était déjà parti bosser. Evidemment. Comme d'habitude depuis six ou sept semaines. La jeune femme soupira, posa un baiser sur la tête de sa fille. « Ca va aller ma chérie. Ca va s'arranger. » murmura-t-elle comme une prière. Elle avait l'impression de le perdre tout doucement. Pourtant, jusque là, tout allait bien. Ils s'étaient rencontrés alors qu'elle était encore enceinte, sur la fin de sa grossesse certes mais encore enceinte. Il l'avait aidée avec la petite Chloé, après sa naissance. Ca faisait maintenant dix mois qu'ils étaient un vrai couple, un vrai de vrai, qui sortait en se donnant la main, qui s'embrassait n'importe où, pourtant elle avait l'impression de le perdre depuis quelques temps. I want to hide the truth, I want to shelter you but with the beast inside there’s nowhere we can hide. No matter what we breed we still are made of greed - this is my kingdom come, this is my kingdom come. Emma déposa Chloé dans sa chaise haute avec délicatesse, tourna le bouton de la radio pour baisser un tant soit peu le son. L'enfant tendit aussitôt les mains quand sa mère sortit du frigo un pot de compote pomme-fraise. [color=darkkhaki]« Pas tout de suite, chérie. D'abord, il faut boire ton biberon... » Biberon qui fut préparé en un rien de temps avant de trouver les petites mains potelées de sa fille. « When you feel my heat look into my eyes, it’s where my demons hide - it’s where my demons hide... Don’t get too close, it’s dark inside. It’s where my demons hide, it’s where my demons hide... » Elle chantonnait en choeur avec la radio, les mains plongées dans l'eau chaude pour faire la vaisselle, un oeil toujours posé sur Chloé qui babillait sans cesse, la bouche poisseuse de compote, le biberon vide renversé sur sa tablette. C'était la routine. Elle s'occupait de sa fille toute la journée, alternant entre tâches de ménage, jeux enfantins et dessins pour le boulot dans la matinée. Elles mangeaient en tête à tête le midi. L'après-midi, tout dépendait du temps et de l'état du frigo. Soit une sortie au parc, soit des courses, soit une visite chez ses parents, Louise et Isaac Rosewood, qui vivaient en périphérie de la ville. Le soir, son cher et tendre rentrait à la maison sur les coups de dix-neuf heures au plus tôt. Il mangeait, s'étalait devant la télé pendant qu'elle couchait Chloé après le repas et un bain. Ils s'échangeaient dix phrases dans la soirée. Ils allaient se coucher sans se toucher et la vie recommençait de cette façon le lendemain, encore et encore. Your eyes, they shine so bright - I want to save their light. I can't escape this now... Unless you show me how. Son petit ami lui échappait. Mais quand elle repensait au jeune homme qui s'était installé en face trois mois plus tôt, c'était peut-être mieux comme ça. Ses sentiments pour lui se fanaient tandis que d'autres, pour le voisin, fleurissaient doucement. Elle ferma les yeux, tripota machinalement l'étoile de David qui pendait constamment à son cou, témoignage de la religion juive à laquelle elle avait été habituée dès sa petite enfance. « C'est sans doute mieux comme ça, oui... » murmura-t-elle comme pour elle-même. It's where my demons hide, it's where my demons hide. La radio crachota les dernières notes de la chanson, juste avant qu'Emma ne l'éteigne d'un geste sec. Sa tête. C'était bien là où ses démons se cachaient, en effet.

« Où est Chloé ? » Emma observa d'un drôle d'air son cher et tendre voisin d'en face qu'elle avait invité à prendre le thé. Brun, les yeux bleus, le sourire avenant, il était beau. Vraiment beau. « Elle fait sa sieste. Je vais finir par croire que tu ne viens ici que pour elle ! » L'homme se contenta d'un léger sourire quelque peu indulgent. Qui s'évanouit bien vite, toutefois. « J'ai appris que ton petit ami était parti. Ca va aller ? » La petite brune ne répondit pas immédiatement. Elle préféra refermer les mains sur son mug brûlant, l'air pensif, perdu aussi. Ca ne changeait pas grand-chose en fait. La maison était toujours aussi vide. Vide... « C'était inévitable. Il a bien fallu que ça arrive. » Le jeune homme ne répondit pas, se contentant de l'observer calmement, le menton calé au creux de la paume, les yeux fixés sur elle. Un regard qui la mettait mal à l'aise tant il faisait danser des papillons au creux de son ventre. La radio continuait de crachoter de la musique, la même chanson que l'autre matin, le matin du jour où il l'avait quittée. Don't get too close, it's dark inside. It's where my demons hide, it's where my demons hide. Elle tenta de ne pas y faire trop attention. « Et... Il faut dire... Ca m'arrange un peu. » Elle avait viré au rouge en bredouillant ceci, s'attirant l'air de prédateur de son vis à vis. « Ah ? Alors comme ça, tu as des vues sur quelqu'un ? » Elle hésita à tout lui balancer, finit par simplement hocher la tête, tout doucement, sans oser le regarder. Elle ne pouvait décemment pas lui balancer de but en blanc qu'elle était amoureuse de lui alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques mois. « Au fait, des nouvelles du père de Chloé ? » « Tu sais très bien que ce n'était qu'un coup d'un soir qui a quelque peu dérapé. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui en un an et demi, ce n'est pas aujourd'hui que je vais en avoir ! » Le père de Chloé était un touriste qui était venu à Southington pour les vacances d'été, plus de deux ans auparavant. Ils s'étaient rencontrés dans un bar, avaient trop bu, avaient couché ensemble, fin de l'histoire. Deux mois plus tard, Emma se découvrait enceinte et elle n'avait pas eu le coeur d'avorter. Elle avait donné naissance à une adorable petite fille qui faisait son bonheur tous les jours. Ils discutèrent toutefois à bâtons rompus tout l'après-midi, même quand Chloé se réveilla - elle fut d'ailleurs ravie de voir le brun et babilla longuement dans ses bras - jusqu'à ce que le soleil menace de disparaître à l'horizon. « Je vais te laisser, Emma. Il est tard. » Avec une moue un peu déçue, elle le raccompagna jusqu'à la porte, la petite dans les bras. « Bonne soirée... » Elle n'eut que le temps de sentir un baiser juste au coin de ses lèvres.