NOM : Moriarty. Un nom anglais qui a eu son petit succès dans la littérature, autant sous la plume de l'halluciné Kerouac que sous celle de Conan Doyle. Pour cela, il préfère amplement qu'on l'appelle 'Moriarty', même surnom que celui de son frère bien souvent. PRÉNOM : Frank. Ça n'a pas vraiment d'histoire, mais il l'aime bien. Court, efficace, rapide, sans prétention. Son meilleur ami l'appelle 'Winnie', parce qu'il aime le comparer à un ours sympathique. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 2 février 1984, Southington. ÂGE : Vingt-huit ans. ORIGINES : Anglo-américaines. STATUT CIVIL : Célibataire, celibastard, même. Il court jupons et pantalons avec enthousiasme. ORIENTATION SEXUELLE : Hétérosexuel la plupart du temps, mais il ne refuse pas une proposition faite par quelqu'un du même sexe. Ou une relation. Disons bisexuel, en ce cas. PROFESSION/ETUDES : Photographe freelance. GROUPE : Open the mind.

~ comment as-tu découvert la légende de l'avenue Stanley Hall ? Tout le monde la connaît, voyons ! Je crois que c'est un cousin de Maman qui me l'avait raconté, quand j'étais plus jeune, ou alors un ami à l'école, quelque chose comme ça. Quand on vit dans un village comme le nôtre, petit et tricoté serré, les choses courent bien vite et c'est impossible de garder un secret. Alors, une légende urbaine, bonne chance. Ensuite, je l'ai raconté à mon frère et mes sœurs, en ajoutant tous les détails possibles, pour les effrayer un peu. Hé, c'était pas pour être méchant ! C'était juste pour rigoler. ~ penses-tu que cet événement est réellement eu lieu ? Non, et même s'il avait eu lieu, c'était il y a tellement de temps que ça ne veut rien dire. Personne qui était là à cet instant n'en parle, en plus, personne n'a jamais rien confirmé. Les faits, il n'y a que cela de vrai, après tout, je ne vais pas me laisser emberlificoter par des histoires ridicules. D'ailleurs, avec tout le monde qui hurlait, comment ceux tués ont entendu le 'tueur' frapper à leur porte ? Je vous assure que quand on crie, il y a bien d'autres bruits qui ne s'entendent plus. Peu importe, c'est tout simplement n'importe quoi. ~ quelle est la légende urbaine qui t'effraye le plus ? Surtout celle qui parle de serpents venimeux dans les piscines de balles du McDo. Hé, j'adore manger là-bas, et entre la viande de rats qu'on dit qu'il y a et le cassier qui apparemment éjacule dans les hamburgers, j'aimerais qu'on foute au moins la paix aux gosses ! Leur raconter des trucs improbables comme le mythe de Stanley Hall, ça va, mais des serpents venimeux dans des jouets, ce n'est pas très réglo. Pareil pour les aiguilles dans les pommes à Halloween.

« Plutôt pas mal, ta voisine d'en face. Tu te l'es faite ? Non. C'est juste une amie, et jusqu'à pas longtemps, elle était en couple de toute façon. Pas que ce soit le genre de détail qui me gêne, d'habitude, mais bon. » Rick roula des yeux et vola le joint qui trônait entre les doigts du photographe, assis au milieu de son salon. Il avait vu la brunette sortir de chez elle pour aller promener Chloé et il n'avait pu s'empêcher de passer un commentaire, que Frank avait pris en souriant. Emma était une amie, oui, et même si elle était mignonne, son genre de nana, elle était juste une amie. Il avait jamais rien tenté et c'était pas près d'arriver. Il avait déjà son frère à gérer, dans sa relation de « j'embrasse l'ex copine de mon meilleur ami mort après un 'cap ou pas cap' complètement tiré par les cheveux et je devrais d'ailleurs faire attention à ne pas laisser traîner mes propres bouclettes n'importe où », pas envie de lui-même se compliquer la vie.

Il aimait les choses simples.

Frank sortit une photographie de la pile qu'il était en train de regarder. Une photo de sa mère avec lui, alors qu'il avait onze ans et qu'elle était encore bien portante. En santé. Vivante, tout simplement. Un sourire un peu triste et il la mit de côté. Il la ferait encadrer pour la mettre sur son bureau de travail. « Elle a une gosse, en plus. Et puis ? Tu adores les gamins, je vois pas le problème. Je suis sûr que tu tournes gros ours tout mou, quand elle vient te voir avec sa fille. Tu parles, dit-il avec un large sourire, les yeux rougis par la marijuana. Elle est adorable, tu devrais la voir. C'est quoi le problème, alors ? Quand tu fais des trucs avec une mère de famille, bien, mine de rien, ça mène à être en famille avec elle. » Et ça, il était pas prêt. Il avait déjà sa famille à lui, son frère, ses sœurs, son père, qu'il surveillait encore par habitude. Parce ça faisait quinze ans qu'il était le chef de meute, en quelque sorte. Frank reprit le joint des doigts de Rick, le calant entre ses lèvres, avant de mettre de côté une autre photographie. Ça, pour son portefolio. Une de ses meilleures. C'était sa mère qui aimait la photo, c'était d'elle qu'il avait hérité ses yeux clairs et perçants, observateurs, sa passion pour la photographie. Il était allé à l'université en Arts, quittant sa meute pour s'envoler, et c'est là qu'il avait vraiment pris le temps de développer sa passion. Cet amour vrai, réel, le seul auquel il revenait toujours. Le jeune homme cherchait l'étincelle, l'inattendu, le surprenant, l'instant à croquer, le fugace. Il avait mille photos de ses sœurs, de son frère, des tasses de thé de son père, des fêtes où il avait été, des filles qu'il avait fréquenté, de Rick étendu nu sur son lit, alangui, son sourire moqueur sur les lèvres. Il en avait aussi une d'Emma avec Chloé. Il devait la lui remettre, d'ailleurs. Il l'avait fait encadrer juste pour elle. Le métier payait peu, mais régulièrement. Des contrats pour le journal, pour des mariages, des cérémonies quelconques, des magazines, des particuliers. Il n'avait pas besoin de beaucoup de choses pour vivre.

Des amis. De la famille. Des cigarettes. Quelqu'un dans son lit, parfois, et un appareil-photo pour voir ce qu'il ne voyait pas.

Rick s'écrasa dans le canapé derrière lui, le laissant terminer de classer ses photos sur Janis Joplin qui jouait en fond sonore. Habituellement, ils parlaient. Là, ils profitaient du silence. Pour le moment. « J'ai su que y'avait une fête, demain, chez Greg. Tu viens ? P't'être. J'aime pas trop Greg. Tout ça parce qu'il t'a piqué un coup. Hé. Déjà, ça, c'est pas vrai, il m'a piqué aucun coup du tout. Et je l'aime pas parce qu'il m'énerve, c'tout, et j'irai, à ta fête à la noix. » Il avait été piqué au vif. Il n'aimait pas Greg, une ancienne figure de son adolescence. Pas parce qu'il lui avait piqué un coup, non, mais parce que... que voilà. Il tournait autour des personnes qu'il appréciait, il rôdait trop près de Lucy, et il l'avait déjà battu au baseball (parce qu'il n'était pas bien doué en sport, en fait). Il bouda quelques minutes, jusqu'à ce que les mains de son ami viennent masser ses épaules, puis son crâne, le faisant quasi ronronner. « Fais pas la gueule, Winnie Moriarty. » Rick lui vola un baiser, qu'il étira pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'il rigole. « Tu m'énerves. Pour ça que je suis là ! Mais sinon, si tu veux m'arranger le coup avec ta voisine totalement MILF, moi - » Un coup sur la jambe de l'autre, qui éclata de rire. Et un pincement dans le ventre de Frank à imaginer Emma avec Rick. Même si ça n'arriverait jamais, vu l'homosexualité patente de Rick et que s'il aimait à draguer les filles, c'était juste pour plus en rire après.

Il n'aimait pas imaginer Emma ailleurs. Et pourtant.